dans le sillage du régionalisme pyrénéen :
L’exemple du Lavedan et Val d’Azun
L’école d’Arrens, œuvre de Raoul Fourcaud (1950-54) illustre très bien ce point : la façade orientée plein Sud pour bénéficier de l’ensoleillement maximum, présente de très larges ouvertures, véritables façades vitrées conformes aux préconisations des modernes telles qu’expérimentées dans des modèles d’avant-guerre (voir par exemple l’école de plein air de Suresnes de Beaudouin et Lods édifiée en 1934). Cette modernité affichée contraste fortement avec l’imposante toiture à coyau typique du Val d’Azun tandis que le logement de fonction en bordure de rue et l’arrière du bâtiment retrouvent les formes et le gabarit de l’habitat vernaculaire de la vallée.
Plusieurs écoles du Lavedan et du Val d’Azun construites peu ou prou à la même époque, présentent les mêmes caractéristiques :
A
Salles-Argelès (inaugurée en décembre 1956)
A
Estaing (1957, architecte Yves Cansot)
A
Argelès-Gazost, le même
Yves Cansot construit en 1963-64 une nouvelle école primaire prévue en fait dès 1957 mais financée avec retard, couplée à une maternelle installée dans la Villa Suzanne voisine (réaménagée en 1956-59 par le même architecte).
A
Pierrefitte, Georges Vergniaud livre en 1958 un nouveau groupe scolaire juste à côté de l’ancien construit à la fin du XIXème ; la juxtaposition des deux édifices permet ainsi une lecture comparative tout à fait suggestive de ces deux réalisations d’esprit différent.
Plus haut dans la vallée du gave, en Pays Toy, le groupe scolaire de
Luz Saint Sauveur (1952) offre lui aussi cette même synthèse modernité/ tradition décrite précédemment.
Des approches à peu près identiques sont perceptibles aussi dans maintes réalisations de localités de piémont.
A
Trébons, Yves Cansot dessine ainsi en 1958 les plans de la nouvelle école inaugurée en 1962.
A
Lannemezan, est édifiée en 1950-52 selon des plans de
Noël Le Maresquier et
Paul De Noyers datés de 1949, une école de filles et maternelle, appelée d’abord Edouard Herriot puis Paul Baratgin ancien député-maire, en 1967, après la mort de ce dernier.
Il s’agit là d’un programme d’assez grande envergure comprenant une école maternelle, une école de filles, un bâtiment de 10 logements de fonction avec buanderie commune et 5 garages . L’ensemble est ouvert sur son environnement immédiat (pas de mur de clôture comme dans les écoles d’autrefois), élèves et parents sont accueillis par un pavillon d’entrée prolongé par une galerie couverte par un auvent de ciment armé et bordée d’un élégant claustra qui ne coupe pas la vue vers l’intérieur de l’établissement et assure ainsi une transition en douceur entre l’extérieur et l’espace intérieur ; ce même claustra se retrouve pour séparer les cours des deux écoles.
Le béton armé est omniprésent dans l’ossature poutre-poteaux-planchers, linteaux et chainages ainsi que les auvents en porte-à-faux, mais l’ensemble est couvert d’une charpente en bois à couverture d’ardoises.
Le souci hygiéniste est également très présent dans ce programme : un bloc médical pour le médecin attaché à l’établissement est prévu et surtout, un bloc sanitaire moderne est inséré entre 2 classes, ce qui se traduit par d’intéressants volumes en saillie sur la façade Nord.
La cité scolaire Achard, Bagnères de Bigorre (aujourd’hui Collège Blanche Odin)
Elle a été édifiée à partir de la Villa Amélie (ou Château Achard) construite à la fin du XIXème par l’architecte Prosper ; après achat d’un terrain supplémentaire aux Etablissements Soulé, les travaux sont réalisés en 3 tranches de Juillet 1951 à novembre 1953 (les plans sont d’A. Blanc, architecte DPLG à Paris) ;
Il s’agit d’une cité scolaire féminine, avec bâtiments d’externat et d’internat, juxtaposant un collège d’enseignement général et un collège d’enseignement technique.
Elle comporte deux corps de bâtiments distincts :
Le premier s’articule sur l’ancienne villa dont il reprend le gabarit d’ensemble, le rythme des ouvertures, la forme des toits et la modénature des façades, réalisant ainsi une intégration assez réussie du bâti ancien et des ailes nouvelles.
Un second bâtiment qui regroupe l’ensemble de l’externat sur trois niveaux, présente un plan de type « palatial » avec deux ailes en retour de part et d’autre d’un grand corps central ; l’ensemble des façades est rythmé régulièrement par des sortes de colonnes en béton armé sur lesquelles s’articule l’ossature poteaux-poutres-planchers.
On voit sur les photos de chantier que le remplissage des murs est fait de moellons de pierre, signe que nous avons affaire à une mise en œuvre de maçonnerie encore traditionnelle, et non pas à la préfabrication industrielle qui sera la norme constructive quelques années plus tard.
En face du collège, l’école maternelle édifiée au même moment (Yves Vieulet architecte,1951-55) reproduit les volumes et la couverture en ardoise de l’habitat traditionnel, et contextualise encore sa finition en couvrant l’intégralité de ses façades de plaques de marbre en remploi (issues d’un mur de l’ancienne marbrerie Cantet, actuels services techniques de la ville).
Groupe scolaire Jean Moulin, Tarbes
Ouvert en 1956 sur des plans de
Georges Vergniaud, c’est un groupe mixte prévu pour 150 garçons et autant de filles (10 classes et 6 logements de fonction).
Les deux premiers niveaux qui constituent l’essentiel du bâtiment, présentent les caractéristiques de l’architecture standardisée qui commence à être mise en œuvre dans ces années-là ; mais le 2ème étage, dévolu aux appartements de fonction, vient les chapeauter de façon quelque peu contradictoire sur le plan stylistique, avec une toiture et de hautes cheminées à l’ancienne.
Par contre, le pavillon d’accueil arbore un parti plus franchement moderne avec son étagement de petites terrasses et de grandes lignes horizontales rappelant le ‘style paquebot » des années 30 ; la décoration de bas-reliefs de terre cuite vernissée, réalisés par le sculpteur bordelais Jean Gabriel Rispal dans de cadre du 1% artistique, évoquant les plaisirs de la montagne en été et en hiver, vient agréablement ponctuer et apporte un touche colorée à un ensemble plutôt austère de manière générale.
En face, de l’autre côté de la rue, la maternelle Henri Duparc construite dans la foulée en 1957 présente elle aussi un emboitement de terrasses de même nature.
Pour conclure cette partie, nous évoquerons
l’école maternelle de Séméac ouverte en 1957/58 sur des plans de
Raoul Fourcaud datés de 1955 (le même architecte édifie au même moment le Centre Léo Lagrange et l’école primaire voisins),école qui présente les caractères d’une architecture en transition ; elle comporte en effet deux corps de bâtiment assez distincts, l’un, le pavillon d’accueil précédé par une pergola quelque peu monumentale, traité dans l’esprit régionaliste (en particulier par son appareil de pierre pyrénéenne), tandis que l’aile comprenant les classes proprement dites présente une touche moderniste affirmée annonçant les caractéristiques générales des constructions scolaires de la période suivante que nous étudions ci-après (long bandeau d’ouvertures horizontales côté nord, rythme de l’ossature en béton en façade sud, élégant auvent ondulant percé de pavés de verre couvrant le préau sud).