Dans notre département, en effet, il reçoit d'abord une application importante dans le domaine de l'industrie : dans le contexte local d'un fort mouvement d'industrialisation pendant et après la 1ère guerre mondiale (autour des constructions électriques et mécaniques en particulier) de nombreux ateliers vont être construits sur ossature béton armé parfois couvertes de voûtes surbaissées formées de voiles minces (Arsenal) ou plus simplement de sheds (Alstom).
ATELIERS 118 ET 119 ARSENAL TARBES
Bâtiment 118
1ère construction en 1916, agrandissement en 1932
superficie de 1270 m2
il servait aux essais de résistance thermique des fûts de canons usinés dans le bâtiment 111 voisin ; il présentait une belle élévation sous une voûte surbaissée proche de celles du bâtiment 119.
Il a été démoli en 2009 dans le cadre du réaménagement du site industriel (percement d'une voie nouvelle).
Bâtiment 119
Constitué de deux nefs jumelles, sans doute édifiées en 1917 pour la fabrication de roulements de chars d'assaut.
D'une surface de 4300 m2, ils ont été reconvertis en complexe cinématographique par le groupe CGR (ouvert en 2010).
On remarquera la régularité de la trame formée par l'ossature de béton qui crée un rythme unifiant l'ensemble des deux bâtiments.
Le jeu chromatique béton clair et lisse/ briques rouges de clôture n'est pas dénué d'intérêt esthétique.
L'intérieur révèle deux vastes vaisseaux couverts par une voûte surbaissée, percée au sommet par une sorte de lanterneau assurant un éclairage zénithal venant renforcer celui apporté par les ouvertures latérales qui forment un bandeau continu à la base de la voûte ;
On remarque que la stabilité de celle-ci est renforcée par des sortes d'arcs doubleaux externes, et à l'intérieur par un système de poutres horizontales transversales, ces deux éléments s'appuyant conjointement sur des piliers régulièrement espacés formant des travées bien visibles à l'intérieur.
USINE COFAZ, SOULOM (1925-26)
Historique :
A l'origine, la Norvégienne de l'Azote s'installe sur le site de Soulom à l'initiative du ministère de la Guerre en septembre 1915 pour y installer une usine d'acide nitrique (pour la fabrication d'explosifs). Menacée de fermeture après la guerre, elle est reprise en 1921 par la Société des Phosphates Tunisiens qui la reconvertit dans la fabrication d'engrais ; c'est dans ce cadre qu'est construit l'atelier de synthèse de l'ammoniac en 1925-26 ici présenté.
Le site industriel devenu plus tard Pierrefitte-Auby puis COFAZ (Compagnie Française de l'Azote) enfin repris par le groupe norvégien Norsk Hydro, sera définitivement fermé le 1er janvier 1991 ; une partie des ateliers a depuis été démolie. On voit ici un bel exemple d'atelier à solide ossature pilier/poutre en béton armé couverte par une voûte surbaissée en forme de voile ; l'espace resté libre entre les murs de clôture et la voûte assurant la ventilation de l'installation.
USINE SMF AUREILHAN (1920-21)
Historique :
Barthélémy Gache (1876 Toulouse-1931 Tarbes) entrepreneur du bâtiment et des travaux publics et industriel s'établit à Tarbes dans les premières années du XXème siècle (il construit notamment le nouvel Hôtel de ville de Tarbes ainsi que la Poste) et devient à la faveur de la guerre 14-18 le plus gros employeur de la ville après l'Arsenal.
Les premiers ateliers de métallurgie et mécanique, installés rue Honoré Laporte près du Jardin Massey, jugés trop bruyants, sont transférés en 1919 en bordure de l'Adour face à l'Arsenal, sur des terrains reliés à son domicile (château Montagnan, actuelle direction de la Poste) par une passerelle.
Les « Ateliers de l'Adour » deviennent en 1923 la « Société Anonyme des Forges et Ateliers des Pyrénées » qui travaille surtout pour la Compagnie du Midi à la réparation de wagons et de locomotives.
C'est pour accueillir ces activités qu'est construit en 1920-21 un immense atelier appelé parfois « la cathédrale » pour ses dimensions et son plan d'ensemble.
L'usine devenue en 1949 Service des Matériels de Forage (S.M.F), puis intégrée au groupe Creusot-Loire dans les années 60 finira dans le giron du groupe américain Hughes Tools en 1979 pour être liquidée en 1986.
Description :
Cette usine couvre 7500 m2, mesure 150 m de long sur 50 de large et présente un plan de type « basilical » :
- une nef centrale
24 m de large
23,50 m de hauteur sous faîtage
- 2 bas-côtés de 12 m de large chacun
l'ensemble s'ouvre à l'est par d'immenses verrières géométriques qui contribuent à souligner l'élévation et l'organisation intérieure de l'édifice.
l'ossature porteuse en béton armé est constituée d'un série de 17 travées formées par de puissants piliers de section rectangulaire ; d'énormes poutres longitudinales portent à leur tour une charpente de facture traditionnelle en bois (pannes, arbalétriers et chevronnage), mais il est à remarquer que les entraits (ou poutres transversales) qui surplombent la nef et ont donc une portée de 24 m sont eux aussi construits en béton armé (certains d'entre eux ont fléchi ou se sont brisés à cause des chutes de couverture consécutives aux tempêtes récentes).
USINE ALSTOM, SEMEAC/SOUES (1921)
L'usine a été créée en 1921 par la Société des Constructions Electriques de France pour y fabriquer le matériel nécessaire à l'équipement du réseau électrifié de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi ; après absorption par Alsthom en 1932, l'usine a conservé son orientation en construisant des locomotives électriques.
Une conception architecturale très simple :
Une trame uniforme organisée par un système piliers/poutres supportant une couverture en sheds, système très répandu dans les ateliers industriels de cette époque ; la démolition partielle de certaines parties, dans le cadre de la restructuration du site, permet de mieux observer cette ossature.
On peut observer quelques autres applications remarquables à la construction civile notamment certains bâtiments publics :
A SARRANCOLIN
qui connaît un important développement dans ces années d'Entre-deux-guerres grâce à l'usine électro métallurgique de Beyrède, plusieurs bâtiments publics marquent la nouvelle extension urbaine ; celle-ci, constituée principalement d'une amorce de cité-jardin et d'un lotissement ouvrier (cité A.F.C pour Alais, Froges et Camargue, ancêtre de Péchiney) voit aussi s'aménager un stade, un économat et un cinéma, tous deux en 1928 (ce dernier aujourd'hui restauré et remis en fonction en janvier 2010). Sur la place principale, à la jonction du bourg ancien médiéval et des nouveaux quartiers traversés par la route nationale, a été construite une petite HALLE/ABRI entièrement en béton armé (1926) et quelques années après s'élève un imposant GROUPE SCOLAIRE (1932, Louis Mauny architecte) dont la puissante ossature apparaît dans le préau aménagé en rez-de-chaussée ainsi que dans la modénature des façades latérales.
A ARREAU
la NOUVELLE MAIRIE (architecte Paul Louis Gély) reconstruite après incendie (1929) dans un style proche de l'ancien édifice, réinterprété avec les techniques et les tracés des années 30, dont l'armature bétonnée abrite la halle en rez- de-chaussée (à noter qu'à l'origine cette structure en béton s'affichait clairement alors que la rénovation récente menée sous la direction de l'Architecte des Bâtiments de France Mario Marcos a abouti à la masquer sous un habillage peint de fausse pierre).