Dès les années 1970, le plan Neige et ses conséquences urbaines et architecturales commencent à être critiqués : modèles urbains « hors-sol » imposés dans des milieux fragiles, populations locales pas ou peu consultées, « dictature » des technocrates de l'Etat imposant leurs vues à des élus locaux atomisés et démunis… En même temps, une sensibilité nouvelle à l'environnement se fait jour qui pousse la clientèle urbaine vers une offre touristique plus « authentique » et diversifiée, ce qui fragilise les stations mono activité (tout ski).

La réponse architecturale à cette nouvelle demande sera le développement massif d'une architecture néo traditionnelle empruntant à la fois au bâti des villages de montagne mais aussi aux petits hameaux dispersés sur les pentes et encore à l'architecture plus urbaine des bourgs ou petites villes qui jalonnent les vallées ou l'immédiat piémont montagnard (tels Arreau, Luz, Argelès, Bagnères…).

Ce goût pour l'architecture traditionnelle s'est d'abord manifesté dès les années 60-70 par une véritable ruée vers les anciennes granges ou bordes transformées en résidences secondaires puis dans la construction de nombreuses maisons individuelles inspirées par cette architecture vernaculaire de montagne (on y retrouve comme un véritable marqueur visuel le mur-pignon à penaous censé imprimer son authenticité à l'architecture) ; puis ces constructions s'étant multipliées à proximité immédiate des villages ou bourgs existants, on est rentrés là dans le domaine de l'habitat de type péri urbain qui connait une extraordinaire poussée dans les années 80 jusqu'à aujourd'hui (ce mouvement se poursuit sous nos yeux) . Se mêlent donc dans ces nouveaux lotissements des résidences secondaires ou touristiques destinées à une clientèle extérieure et les habitations principales des populations locales vivant et travaillant sur place.


Dans les stations de montagne proprement dites, le même phénomène de retour à l'architecture de village peut être observé, résultat notamment de l'application de nouvelles règles d'urbanisme et de préconisations en matière de construction (gabarit des édifices, choix des matériaux…).

Cette architecture néo traditionnelle tente donc de retrouver des volumes, des décors, des effets de pittoresque tels qu'on peut les voir encore dans les vallées pyrénéennes ; on remarque à ce sujet une forte présence du bois soit dans les charpentes (retour aux toitures traditionnelles avec couverture d'ardoise) soit dans les galeries ou balcons exposés au Sud qui tendent à devenir un véritable poncif de ce style néo pyrénéen. De même que la généralisation de l'appareil de pierres taillées en façade, utilisées ici en parement d'une ossature en général de béton armé et de murs en matériaux modernes, et non en murs porteurs comme dans l'habitat ancien ; ici ou là, on trouve également des références aux murs à colombages présents dans certaines maisons anciennes.


Cette mode architecturale semble répondre aux besoins de citadins souvent en recherche d'un passé largement mythifié…Les promoteurs immobiliers se sont engouffrés sur ce créneau porteur sur le plan commercial, et de façon très significative, ont multiplié dans leurs publicités les appellations de « hameaux », « fermes » et même « villages » pour désigner leurs programmes de constructions touristiques. Sera-ce autre chose qu'une mode ? Le risque est en tous cas certain, et déjà en partie avéré, d'engendrer une architecture répétitive d'une vallée à l'autre en tournant le dos à une véritable réflexion sur ce que pourrait être une architecture vraiment moderne, soucieuse elle aussi de son insertion dans l'environnement montagnard et capable d'offrir une interprétation nouvelle du patrimoine architectural ancien.


LE REMODELAGE DES VILLAGES



LA VALLEE DU LOURON



Une vallée préservée
Restée plutôt à l'écart du grand boom touristico-immobilier des années 60-70, la vallée du Louron décide de s'engager au cours des années 80 dans la voie d'un développement touristique maîtrisé ; en conséquence, une importante poussée constructive se manifeste, par exemple à Loudenvielle, village-centre de la vallée, où le parc de logements double en 20 ans (1982-2002), parc principalement constitué de résidences secondaires dont la proportion passe de 44% à 68%.

Pour y faire face, des règles d'urbanisme et des préconisations précises en matière de construction sont définies et se traduisent successivement dans les POS (plans d'occupation des sols) puis les PLU (plans locaux d'urbanisme), le tout appuyé sur les principes de la Loi Montagne de 1985 ainsi que les plans de référence d'aménagement du secteur Génos-Loudenvielle (1995) qui avec son lac et son nouveau centre thermo-ludique Balnéa (2001) est au cœur de la vallée.

Cette volonté de conserver cette identité paysagère et un environnement préservé est devenue l'affaire de tous et pas seulement celle des élus locaux, à preuve le mouvement de résistance au projet de construction par EDF d'une ligne électrique haute tension vers l'Espagne dans les années 80-90.

Des règles d'urbanisme à respecter :

  • conserver le fond de vallée dégagé, à vocation d'espace naturel
  • densifier les villages existants, les constructions nouvelles devant se fondre dans le bâti ancien
  • les extensions urbaines doivent se faire en continuité avec les noyaux anciens et dans les limites naturelles et topographiques existantes (terrasse de la Neste, respect des alignements végétaux des versants, appui sur les contreforts…)

La poussée constructive est ainsi contenue sans altérer l'identité paysagère du Louron.

Par ailleurs, les constructions nouvelles ou les rénovations d'habitat ancien sont soumises à des prescriptions obligatoires :

  • hauteurs proches des constructions avoisinantes
  • pente des toitures de 70% à 120% avec couverture en ardoise
  • souche des cheminées près du faîtage ou du mur-pignon
  • volets de bois peints
  • murs de clôture dans la continuité de l'espace public

LE VILLAGE DE LOUDENVIELLE offre ainsi plusieurs exemples significatifs d'aménagements urbains et de constructions résidentielles récents obéissant à ces préconisations et visant à en renforcer le caractère pyrénéen :

  • Tout d'abord, un remarquable effort a été accompli pour remodeler le centre administratif du village autour de sa mairie, travaux confiés aux architectes Fabrice Pastor et Maurice Vidalon de Bordères-Louron et menés à bien à partir de 2006 : la mairie, munie d'un nouveau porche d'accueil prend un caractère un peu monumental qui sied au principal édifice public tandis que face à elle, l'ancienne maison Pascau restructurée devient le centre de loisirs et la maison communale ; le dispositif de la place est complété par le « relookage » du bureau de poste et l'aménagement de banquettes en pierre de taille et de deux fontaines qui mettent en valeur chacun des édifices…le tout aboutit à créer un atmosphère de place de village à l'ancienne par son architecture pittoresque et son tracé irrégulier (accentué par la position de l'église qui ferme partiellement l'espace côté rue).

    (par la même équipe d'architectes et dans le même esprit la petite commune voisine de Germ a procédé aussi au remodelage/restructuration de la mairie et ses abords)


  • C'est aussi le même duo qui a dirigé les travaux d'aménagement urbain et paysager de l'autre centre du village, le quartier du Rioutor, articulé sur son principal carrefour de circulation et son office du tourisme : principalement rénovation du dit office et création d'un parvis-agora assurant la liaison avec les nouveaux parking eux mêmes traités comme un aménagement paysager et les nouvelles résidences appelées Jardins de Balnéa (2009).


  • Ces jardins de Balnéa (permis construire 2006 modifié en 2007, 2008, 2009) présentent l'intérêt de voir à l'œuvre une tentative de créer une sorte de quartier et de rue de bourg constitués de petits immeubles avec décrochements et galerie commerçante à arcades créant un nouveau pittoresque urbain s'inspirant des particularités de l'architecture locale ; il est intéressant de noter que l'agence d'architecture retenue pour mener à bien ce projet est celle dirigée par Xavier Bohl connu pour avoir travaillé longtemps auprès de François Spoerry père de la cité lacustre néo provençale de Port Grimaud (près de St Tropez) dont il a repris l'agence à son décès en 1999.


  • Autre extension récente, « les granges de Trescazes » (permis de construire 2006, architectes Anne Sassus et Daniel Bonsirven), construites sur le flanc nord du village semblent s'inspirer des hameaux accrochés aux pentes de la vallée utilisant largement le bois et les lucarnes de toit en forme de « capucines » comme références à l'habitat traditionnel.


  • Enfin, citons la résidence Clarabide (permis de construire 2005, des mêmes architectes Anne Sassus et Daniel Bonsirven) édifiée à l'orée sud du village qui reprend avec force le motif des murs-pignons alignés sur rue, fréquents dans les villages traditionnels, multiplie passages et décrochements tout en s'ouvrant largement au soleil par de grandes galeries en bois.


En conclusion, on peut observer comme résultat positif de ces choix d'aménagement le maintien d'une architecture remarquablement homogène comme le montrent les vues d'ensemble du village aujourd'hui.


GEDRE, le remodelage d'un village en Pays Toy



L'aménagement du village répond à une problématique principale : passer d'un village-rue traversé sur toute sa longueur par la route de Gavarnie, très fréquentée en été, mais où on ne peut quasiment pas s'arrêter faute de lieux adéquats, à un village attrayant susceptible de séduire le touriste de passage et l'inciter à y séjourner. Les travaux, confiés à l'architecte-urbaniste Jean Paul Pagnoux ainsi qu'à Jean Jacques Durancet (tous deux membres du GCAU de Tarbes), se dérouleront sur une dizaine d'années à partir de 1983-84 sous la mandature du maire Jean Prissé (ils seront subventionnés par le Conseil Régional dans le cadre de l'opération « bastides et villages de caractère en Midi Pyrénées »). Cet aménagement va porter sur trois points principaux :

  • le premier et plus important, créer une entrée de village avec une véritable place centrale, point de fixation des touristes de passage ; on aménage pour cela un terre-plein qui recevra plusieurs constructions nouvelles dont un immeuble d'allure traditionnelle avec arcades type « couverts » à l'ancienne en rez-de–chaussée. Plus tard un immeuble d'allure plus résolument contemporaine, le Millaris, abritant la Maison du Parc mais de gabarit semblable viendra compléter le dispositif ; est ainsi créée une place de village de forme irrégulière, fréquente dans les bourgs anciens, agrémentée de banquettes qui matérialisent les différents niveaux et fonctions de l'espace. Une fontaine(« la bergère ») conçue par Jean Jacques Durancet et réalisée par le marbrier Camazzola (de Bordères sur Echez) est installée à l'entrée de la place pour en renforcer son cachet d'authenticité.


  • un nouveau quartier dénommé « quartier du Lac » peut désormais s'articuler sur ce nouveau cœur de village, relié à lui par un passage piétonnier. Il comprend des équipements collectifs de loisirs (piscine, dessinée par J P Pagnoux, patinoire d'abord de plein air puis couverte par JJ Durancet), une résidence de tourisme, « Le Desman », dessinée par JJ. Durancet, ainsi qu'un petit lotissement de maisons individuelles destinées à la population résidente.


  • à l'autre extrémité du village (sortie vers Gavarnie), il s'agit de remodeler l'ensemble église/mairie ; là aussi une place, baptisée Julien Soulère, est aménagée avec une fontaine. La mairie existante, construite vers 1970 sans caractère est démolie pour faire place à un édifice d'inspiration balnéaire ou thermale tel qu'il en existe de nombreux dans la vallée, intégrant les bureaux de la mairie, une petite salle de spectacles et 4 logements communaux ; en face, à l'entrée du cimetière, est érigée une « lanterne des morts » cette fois dessinée par JP Pagnoux.


CAMPAN


Dans cette commune, deux aménagements nous semblent correspondre à l'évolution décrite ci-dessus :

Tout d'abord, une extension du village même de Campan, dénommée « L'Orée du Bois », lotie au début des années 90 et progressivement bâtie jusqu' au début des années 2000 ; grâce aux conseils du CAUE 65 (conseil en aménagement urbanisme et environnement) suivis par les propriétaires-bâtisseurs, ce nouveau « quartier de voisins » apparait comme une extension naturelle, quasiment organique du village ancien s'intégrant parfaitement au bâti traditionnel.


A Ste Marie de Campan, c'est un nouvel ensemble résidentiel, édifié par tranches successives à partir des années 80 et significativement baptisé « Le Vieux Village », qui constitue un véritable quartier nouveau étroitement accolé au petit noyau ancien groupé autour de son église.


VALLEE DE LUZ



On peut rapprocher ce type de création ex nihilo du néo village appelé « Résidence Pyrénées Soleil » à proximité immédiate du village d'Esquièze-Sère ; fortement inspiré des villages traditionnels du Pays Toy, il présente comme eux un bâti accroché à sa pente et de loin semble avoir été installé là de tous temps : aves ses décrochages épousant la pente naturelle, sa rue centrale tortueuse, ses passages couverts, ses escaliers, sa tour forte avec clocheton, ses galeries en bois tournées vers le soleil et bien sûr ses toits d'ardoise à forte pente agrémentés de lucarnes, il présente la plupart des éléments architecturaux et décoratifs du « pittoresque pyrénéen » rassemblés ici presque de manière archétypale.


LA RESTRUCTURATION DES STATIONS DE SKI



LA MONGIE


A l'orée du XXIème siècle, s'opère une prise de conscience tardive des limites de la croissance plutôt anarchique de la station qui a prévalu jusque-là et de l'effet repoussoir que cela risque d'entrainer auprès d'une clientèle qui a désormais un large choix de son lieu de séjour dans un marché touristique devenu de plus en plus concurrentiel ; dans ce nouveau contexte économique et devant l'évolution de la demande touristique vers plus de qualité environnementale et paysagère, La Mongie se retrouvait face à de redoutables défis :

  • un cadre urbain médiocre fruit d'une architecture très hétérogène et peu en harmonie avec le paysage montagnard.
  • des voitures omniprésentes dans l'espace public où le piéton peine à trouver sa voie.
  • la promotion récente du site du Pic du Midi de Bigorre mettait en évidence l'inadéquation de ce bâti avec le classement du site au titre de paysage naturel.

Quelques images montrent le caractère « hors contexte » de la plupart des constructions datant du 1er boom de la station des années 50-60, à l'exception des tout premiers chalets aujourd'hui disparus ou noyés dans le couloir urbain qui s'est créé le long de la route du Tourmalet.


Un des derniers avatars, et non des moindres, de cette fièvre constructrice hors-échelle, est constitué par la résidence La Mongie-Tourmalet, mise en chantier en 1969 et inaugurée le 5 février 1971 en présence du ministre de l'Equipement lui-même, Albin Chalandon. Cet énorme ensemble, véritable « paquebot des neiges », pouvait recevoir 1500 familles, avec boutiques, restaurants, services divers, un hôtel trois étoiles (« La Mandia »)… Le projet total prévoyait 2200 appartements approchant les 6500 lits, une véritable ville à la montagne à elle seule ! On avait là une « super Mongie », comparable aux complexes géants des Alpes (tels la Plagne, du même promoteur, par exemple) poussant à ses extrémités la logique des stations intégrées « pied dans la neige » préconisées par le Plan Neige et de grands promoteurs immobiliers.


Les petits immeubles résidentiels appelés « Bero Bisto » construits quelques années après (PC 1967, construction achevée 1975) rompaient déjà nettement par leur gabarits modestes avec ce gigantisme hors échelle ; certes leur volumétrie encore très « cubique » restait encore hors contexte mais la présence nettement affichée de bois pour les vastes galeries au sud et la bardage protecteur sur les murs latéraux marquait un infléchissement vers un esthétique plus soucieuse d'insertion dans le paysage.


C'est à cet état des lieux que répond, environ un quart de siècle après, la ville de Bagnères-de-Bigorre propriétaire et gestionnaire de la station, en se proposant de la remodeler pour l'adapter aux nouvelles conditions du marché du tourisme (pas seulement les sports d'hiver mais aussi le tourisme estival pour lequel La Mongie est assez mal adaptée) ; à cet effet, elle a procédé à la mise en place d'une Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP). Cette étude, menée par l'architecte Luc Demolombe, aboutit à un dossier réglementaire approuvé par le conseil municipal en avril 2010 ( consultable sur le site de la ville de Bagnères : www.ville-bagneresdebigorre.fr/urbanisme/ZPPAUP de La Mongie).

Ce remodelage, censé donner à la station un nouveau visage est un chantier de longue haleine prévu sur une durée d'au moins 20 ans, mais qui s'accompagne de préconisations et contraintes dont les effets sont dores et déjà visibles ; nous ne retiendrons ici que celles qui ont une incidence directe sur les constructions actuelles et leur style architectural :

« redonner à la station une ambiance pyrénéenne traditionnelle… »
« retrouver une cohérence architecturale et volumétrique en harmonie avec le paysage »
Les travaux ont commencé par la restructuration de l'espace d'accueil dit « La Grenouillère » où l'Adour retrouve en partie son cours d'origine et redevient visible.


Surtout, cela conduit ici comme dans les autres stations que nous avons étudiées à une homogénéisation des matériaux constructifs (ardoise, zinc et cuivre en couverture par ex) et des façades (pierre de parement, couleur des enduits, bois des galeries…) mais aussi l'affirmation de la place du piéton et la diminution de l'espace occupé par l'automobile comme on peut l'observer avec la résidence de tourisme Tourmalet qui vient juste d'être achevée (PC 2005, construction jusqu'à 2013, agence d'architecture LV2A d'Urrugne). Comme on peut le voir sur une vue d'ensemble, cette dernière réalisation assure une transition matérielle entre le site ancien de la station et La Mongie 2000, assurant ainsi une plus grande homogénéité visuelle à la station.


SAINT LARY AUJOURD'HUI



Il convient ici de réunir les villages de Vielle Aure et Vignec à la station de St Lary proprement dite car ils forment aujourd'hui un même ensemble urbain et touristique.

Après la période de relatif « chaos » urbain et architectural qui a résulté de la croissance touristique mal maitrisée des années 60 à 80, on observe ici aussi un retour à l'architecture de village ou de bourg montagnard.

A Vignec, des extensions étroitement articulées sur le noyau ancien autour de l'église, en reprennent le gabarit ainsi que les matériaux d'usage ; il n'est pas jusqu'à la gendarmerie, qui tout en s'essayant à une nouvelle monumentalité, ne s'inscrive dans le même esprit…


Sur le chemin de Vielle Aure, autrefois entièrement rural, s'alignent aujourd'hui des résidences de tourisme présentant de nombreuses galeries en bois, engendrant un effet visuel de rue là où n'existait naguère qu'une petite route encadrée de prairies de fauche.


A Saint Lary même, le noyau villageois ancien était très réduit, si bien qu'il a été rapidement noyé dans la croissance assez anarchique qui a accompagné l'essor de la station ; en conséquence, le remodelage urbain actuel ne vise que marginalement à restituer une architecture ancienne peu présente. Il s'agit plutôt d'inventer, presque de toutes pièces un bourg montagnard qui n'a jamais réellement existé : c'est tout le propos de l'aménagement de la rue centrale, autrefois passage étroit de la route nationale, devenue semi piétonnière.

Les choix architecturaux sont inspirés par le désir de créer un environnement urbain pittoresque :

  • façades alternativement à appareil de pierre ou colombages, accompagnées de galeries en bois peint ou vernis
  • décrochements des façades pour éviter des alignements trop strict et retrouver les irrégularités du bâti ancien
  • création de « couverts » avec arcatures en pierre abritant des magasins
  • ce désir de recréer un décor d'apparence ancienne va jusqu'à inclure par endroit des fenêtres à croisillons néo renaissance, clin d'œil aux éléments architecturaux de la Maison Fornier et la Tour d'Agut voisines qui accueillent aujourd'hui la mairie et la Maison du Parc des Pyrénées.


Au-delà de l'église paroissiale et du rond-point de l'office de tourisme, le nouvel ensemble immobilier de la rue de Soulan assure un continuum visuel présentant les mêmes caractéristiques architecturales (voir par exemple la résidence des Fermes de St Lary -28 logements et 8 commerces- livrée en 2010 par les architectes Pastor et Vidalon)…on voit donc que l'objectif de cet aménagement est bien de restructurer le cœur de la station de part et d'autre d'une rue principale à l'ancienne, devenue semi piétonnière, à même de générer une atmosphère chaleureuse de bourg traditionnel.


A proximité immédiate de ce nouvel « axe historique » on constate d'ailleurs que de récentes réalisations s'inscrivent dans le même esprit (par exemple la résidence Cami Réal, résidence de tourisme de 102 logements réalisée en 2006).


PEYRAGUDES


Depuis sa création sur le territoire communal de Germ (Vallée du Louron) à la fin des années 60, la station de ski de Peyresourde a connu divers avatars d'ordre immobilier et commercial…une nouvelle ère commence en 1988 par la fusion avec la station des Agudes (versant Haute Garonne, commune de Gouaux en Larboust) pour former l'entité unique dénommée Peyragudes.

Le versant haut pyrénéen de la station voit dès lors s'élever, ex nihilo, divers ensembles résidentiels regroupés en deux parties distinctes, l'une directement en pied de pistes, l'autre en retrait, sur le lieu dit « Balestas » ; l'évolution urbanistique et architecturale que l'on y observe est tout à fait caractéristique des tendances décrites dans ce chapitre au cours des 15 ou 20 dernières années.


En effet, une première vague de constructions a vu s'ériger des immeubles de grande hauteur, très visibles dans le site et correspondant à une conception aujourd'hui un peu datée et dépassée de la résidence de tourisme, soit des immeubles à caractère urbain tout à fait indifférents au contexte environnemental. Cependant, peu après, la résidence Privilège construite par le promoteur SOGEA marque un premier infléchissement ; la maitrise d'œuvre est confiée à l'agence DGA de Paris, dirigée par l'architecte Peter Diener, spécialisée dans l'aménagement de résidences de tourisme (comme celles que l'on appelle désormais des « resorts ») pour des commanditaires prestigieux comme Pierre et Vacances, le Club Méditerranée, Marriott ou Disney : l'infléchissement est sensible vers une architecture de meilleure qualité, d'apparence montagnarde.


Cette évolution « régionaliste » se fera plus sensible avec le nouveau statut de la station au début des années 2000 qui voient l'ensemble des constructions existantes passer dans le giron de l'Etablissement Public Intercommunal de la Vallée du Louron (ou EPIVAL, siège à Bordères-Louron)) : celui-ci confie en effet l'élaboration d'un nouveau schéma d'urbanisme à l'atelier Vidalon et Pastor qui va piloter l'évolution vers une « architecture de village » plus conforme à la demande touristique actuelle.

Le même cabinet réalise en 2009 un complexe multi-activités , le Sérias (51 logements, commerces, bureaux) qui reste un ensemble assez massif en pied de pistes dans le prolongement de la résidence Privilège mais utilise des matériaux tels que pierre, bois, ardoise pour créer une apparence plus pyrénéenne que précédemment…


Mais c'est surtout à Balestas que leur intervention « régionaliste » sera plus manifeste. Il s'agit là d'effacer d'abord le malencontreux effet « tour » des immeubles de 1ère génération par une série de résidences de taille plus réduite assurant une transition visuelle vers le « Hameau de Balestas » où l'architecture de village s'exprime pleinement ; là, autour d'un clocher-tour évoquant les églises et maisons fortes des villages traditionnels, s'organisent en grappe de petits hameaux épousant la pente naturelle du versant, sans trop de remblais ou déblais, tels qu'on peut les observer dans la vallée du Louron en contrebas.


PERI URBAIN ET ARCHITECTURE DE LOTISSEMENTS



Ce mouvement néo régionaliste que nous venons de décrire dans les stations de montagne affecte aussi à des degrés divers la plupart des villages de vallée à proximité ; en effet, ces localités connaissent elles aussi un phénomène proche de celui de la péri urbanisation autour des villes, c'est-à-dire la généralisation d'un habitat de type pavillonnaire ou individuel dans des communes-dortoirs résidentielles proches des pôles d'emplois que constituent les stations de tourisme proprement dites. On observe ici la même évolution qu'autour des grandes villes, à savoir, devant la montée des prix de l'immobilier de tourisme dans les stations, une sorte de migration des populations locales, salariés ou commerçants et petits entrepreneurs vers des communes ayant échappé à cette flambée des prix et donc restées plus accessibles à leur budget.

(cette question de l'habitat péri urbain et des formes de néo régionalisme qui lui sont associées sera reprise plus tard dans une étude thématique consacrée à la question plus générale de l'évolution du logement et de l'habitat au cours du XXème siècle).

Ainsi, ces villages ont vu se multiplier villas ou maisons, souvent implantées dans des lotissements et s'inspirant peu ou prou du modèle régionaliste pyrénéen réduit la plupart du temps à quelques signes archétypaux : toits d'ardoise à forte pente agrémentés de lucarnes, avancées ou auvents en bois, parfois murs pignons à redents…

Pour illustrer ce point nous avons choisi deux villages qui nous semblent bien représenter cette évolution, l'un en vallée du Louron (Génos), l'autre près de Lourdes dans la communauté du Batsurguère occupant les premiers contreforts montagnards (Omex) ; dans les deux cas on peut observer le noyau villageois ancien autour de l'église présentant un mélange de vieilles fermes rénovées et de nouvelles maisons implantées sur des parcelles au tracé ancien, tandis qu'aux portes du village et en continuité spatiale et visuelle avec lui se sont édifiés des lotissements en forme de hameaux où fleurit le style néo pyrénéen auquel nous faisions allusion.


Par ailleurs et un peu de façon paradoxale, c'est dans ces villages pourtant peu enclins jusqu'ici à l'innovation architecturale et plutôt tournés vers une esthétique « nostalgique » ou passéiste que l'on peut trouver, ici ou là, quelques tentatives pour trouver des formules d'architecture contemporaine inspirées par le contexte montagnard mais témoignant d'une ouverture à la modernité esthétique d'aujourd'hui ; elles sont souvent le résultat de choix de maisons à ossature bois qui constituent aujourd'hui, on le sait, un des rares domaines, dans l'habitat individuel, où se fait jour une volonté d'innovation tant des techniques constructives que des critères esthétiques.


L'Architecture du XX siècle en Hautes-Pyrénées
VOLET N°2 : TRADITIONS ET MODERNITES
LES REGIONALISMES
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Travail de recherche
Maurice MORGA - Professeur retraité
Conception multimédia
Florent Lafabrie - CANOPE des Hautes-Pyrénées