BARRAGE DE CAP-DE-LONG ET CENTRALE DE PRAGNERES

Haute vallée d'Aure, massif du Néouvielle
Construction : 1950-1953

Le site choisi, comme pour la plupart des barrages de montagne, est celui d'un verrou rocheux à l'aval de la cuvette glaciaire du « Cap de long » au pied du massif éponyme.


Situé à 2160m d'altitude il retient un volume de 70 millions de m3 d'eau .
La construction du barrage a nécessité d'abord la réalisation d'une route de 13,5 km entre le village d'Aragnouet et le site du chantier (1947-49) ; le bétonnage a commencé fin 1950 avec l'exploitation d'une carrière en rive droite, le concassage des matériaux et l'utilisation d'une centrale à béton sur place.


Type de barrage : barrage-voûte (hauteur maximale : 100m)
Conception qui détourne la poussée de la masse des eaux vers les côtés du verrou et permet ainsi de réaliser des ouvrages relativement minces par rapport au volume d'eau stocké.


Par une galerie souterraine de 10km de long, cette eau alimente la chute forcée (la plus haute d'Europe à cette époque) de la centrale de Pragnères dans la vallée du Gave de Lourdes ; achevée en 1954, œuvre de l'architecte Appia, cette centrale présente d'ailleurs une architecture très moderniste, typique des nouvelles centrales qu'EDF construit dans les massifs montagneux –Alpes, Pyrénées- ou sur le Rhin- Fessenheim, Ottmarsheim- ou la Cie Nationale du Rhône à Donzère-Mondragon ; l'entreprise décida d'en faire une vitrine de son savoir-faire en réalisant une sorte de « temple » ou de « cathédrale industrielle » aménagée d'ailleurs pour la visite (galerie à mi-hauteur de la salle des machines et salle d'explication avec maquette).

« Le bâtiment présente une grande façade puissante, dissymétrique, fortement rythmée par une structure de piles de béton, sous un toit-terrasse. La porte d'entrée est dotée d'une ferronnerie sobrement mais subtilement travaillée, la peau de béton bouchardé est superbe et a magnifiquement vieilli, au contraire de la plupart des bétons de cette époque » (Philippe Guitton, op cité).

CENTRE LEO LAGRANGE, SEMEAC

historique :

Une première délibération du conseil municipal du 13 septembre 1946 décide de la construction d'une salle de gymnastique et d'entraînement sportif (pour le Séméac Olympique, société omnisports créée en 1919) utilisable aussi pour l'éducation physique des scolaires par temps de pluie ; ce n'est cependant qu'au cours des années 50 que la construction est menée à bien pour une inauguration de 19 juin 1955.


Architecte : Raoul Fourcaud
ingénieurs : Barradat et Pichotin
constructeur : Entreprise Industrielle (siège à Annemasse, filiale à Luz) pour le gros-œuvre.

Un équipement multifonctionnel :

Son appellation officielle dans les documents d'archives - « gymnase communal et centre culturel » en 1950, puis « centre culturel et d'éducation physique » en 1952 – montre que dès l'origine cet édifice est conçu comme un ensemble multifonctionnel au service d'une ambitieuse politique d'équipement communal.

Ce centre était en effet conçu comme un élément d'un projet plus vaste comprenant un nouveau groupe scolaire apte à faire face à la croissance démographique de la commune et aussi aux nouveaux besoins d'éducation de la jeunesse ; en ce sens cet équipement est très représentatif des préoccupations sociales de la municipalité de gauche qui dirige la commune.

L'invocation de Léo Lagrange est là aussi pour rappeler la filiation avec l'esprit du Front Populaire d'avant-guerre.
Une technique constructive innovante : le béton précontraint

Il semble que, dans un premier temps, l'architecte Raoul Fourcaud envisageait une couverture par charpente métallique (cahier des charges 1950) ; ce parti a été abandonné au profit d'une charpente constituée d'arcs de béton précontraint (cahier des charges et plans de 1951) associée à une voûte de couverture constituée d'une dalle mince de béton. Une partie de cette couverture prévoyait l'installation de dalles de pavés de verre pour assurer un éclairage diffus zénithal.

Ces arcs de béton ont été fabriqués sur place selon un procédé Freyssinet et assemblés par une grue comme le montrent les photos de chantier ; ils reposent sur des piliers de béton armé.

6 arcs de ce type, d'une portée de 20m, organisent ainsi 5 travées de 8,20m de large

dimensions édifice : 46m x 30m
dimensions salle : 36,60 x 20,50


analyse esthétique :

L'architecte dans sa notice explicative des travaux (8 avril 1950) présente lui-même son édifice comme « une conception architecturale aérée, claire et jeune qui s'impose d'autant plus que ce bâtiment est particulièrement destiné aux jeunes », et plus loin il parle « des lignes et formes simples, sans artifice ni recherche où dans l'air la lumière et la joie de vivre pourront s'épanouir et se développer les corps et les esprits des jeunes habitants de la commune »…ces quelques lignes pourraient presque être signées Le Corbusier qui édifie à la même époque sa célèbre Unité d'Habitation à Marseille.

C'est dire que nous avons là un édifice très représentatif de la modernité à la française des années 50 :
Une volumétrie qui impose une forte présence au milieu d'un bâti mi banlieusard/mi rural caractérisé par un habitat plutôt individuel et de hauteur réduite…
Combinaison de grandes surfaces planes et claires et de bandeaux horizontaux soulignés par des moulures très marquées portant les ouvertures latérales.
Les pilotis circulaires en béton armé conformes à la « doctrine corbuséenne » allègent le volume assez massif des deux façades principales (Sud et Est) tout en ménageant un portique fort utile en cas d'intempéries( c'est aussi une sorte de parvis accueillant le public lors des manifestations les plus importantes).
A noter aussi, à la jonction des façades Sud et Ouest trois oriflammes ou bannières et leur socle qui viennent ponctuer et dynamiser le volumineux parallélépipède rectangle que forment les façades.
Non loin de l'édifice, les panneaux de basket en plein air, par leur forme aérodynamique sont eux aussi un témoignage précieux du style des années 50.

BASILIQUE SOUTERRAINE DE LOURDES

Historique :

Commandée par le diocèse de Tarbes-Lourdes (Mgr. Théas) à l'occasion du centenaire des apparitions, elle est conçue au départ pour abriter la foule des pèlerins lors des intempéries fréquentes sur le site en plein air devant la grotte de Massabielle.
Début des travaux mai 1956.
Consacrée le 25 mars 1958, elle devient « basilique mineure » en mai 58 et prend le nom officiel de « Saint Pie X ».
Cet édifice majeur de l'architecture du XXème siècle est classé monument historique depuis 1995.


Cette réalisation célèbre a fait l'objet de nombreuses études ou notices descriptives , elle est donc bien documentée dans des sources faciles d'accès ; nous nous contenterons d'indiquer ici quelques données générales et de fournir quelques photographies personnelles, renvoyant le lecteur au site Internet de la région Midi-Pyrénées.


La coque de béton précontraint, chef d'œuvre de Freyssinet, elle-même structurée par 29 arcs transversaux, est portée par une ossature de 58 piliers doubles qui forment 29 portiques en forme de béquilles.


La basilique adopte un plan elliptique en forme de mandorle.
La nef centrale de 191mx61m dans ses plus grandes dimensions, est entourée par un déambulatoire de 10m de large couvert par un encorbellement qui prolonge la voûte principale :


4 rampes d'accès en pente douce permettent l'entrée des fidèles.
Les portiques, régulièrement espacés, rythment et animent le vaste espace entièrement dégagé de la nef, libre de tout support ; en outre, l'éclairage électrique, soulignant cette structure « en arêtes de poisson » contribue à alléger un ensemble qui sans cela pourrait procurer une sensation d'étouffement faute d'éclairage naturel (en effet, les contraintes du site -présence du gave- et la volonté de sauvegarder l'esplanade des processions en surface, ont amené les concepteurs à enterrer entièrement leur ouvrage).

EGLISE SAINT PIERRE, PIERREFITTE

Construite en 1959-61 par l'entreprise Béguère de Lourdes, architecte Deriff.

Cette église cache sous un aspect extérieur assez conventionnel, proche du modèle traditionnel des églises de village pyrénéens (y compris la toiture en ardoise), une ossature en béton armé tout à fait spectaculaire et inattendue ; de grands arcs sans appui intermédiaires ménagent un espace intérieur ample et dégagé, volume accentué par le lanterneau octogonal qui éclaire la nef en son centre.
Le dépouillement du décor sur les deux murs latéraux Nord et Sud, en partie involontaire -faute d'argent le programme décoratif n'a pu aboutir- contribue en fait à mettre en valeur les qualités techniques et esthétiques de cette structure porteuse.

MEMORIAL DE LA DEPORTATION ET DE LA RESISTANCE(1962-64)

Allées du Maréchal Leclerc, Tarbes

Monument mémoriel, destiné à recevoir les cendres des déportés morts dans les camps de concentration nazis.
1ère pierre posée en 1962, construction en 1963, inauguration le 26 avril 1964, journée de la Déportation.
Pour l'anecdote, il était prévu de l'ériger en bordure de la future avenue qui, perçant la caserne Larrey aurait ouvert la ville vers l'actuelle Avenue de Huesca et la route de Bagnères ; ce projet ayant avorté, on décida de le construire sur un des côtés des Allées Leclerc percées en leur centre pour la circonstance.

Œuvre conjointe de l'architecte Pol-Abraham (dont l'agence a construit le lycée Marie Curie au même moment) et du sculpteur Jean-Charles Lallement, c'est un bon exemple d'archi-sculpture, combinant les techniques des deux disciplines ; on remarque surtout l'audacieux porte-à-faux permis par le béton armé bien dans l'esprit innovateur des années 60.

SALLE DES FETES, LOURDES (1975-76)

Le projet, approuvé par le conseil municipal en décembre 1974, s'inscrivait dans l'évolution de Lourdes comme ville de congrès (une salle des congrès venait d'être aménagée dans l'ancien palais de Justice, place des Tilleuls).
Cette salle venait s'installer, avenue Alexandre Marqui, à côté de la nouvelle piscine couverte, elle-même de conception très moderne, de manière à compléter les équipements municipaux destinés aux loisirs et aux spectacles.
Les plans approuvés en 1974, les travaux se déroulent en 1975-76.


Conception :
Atelier d'architecture ARTEC de Cambrai (Nord) (une salle du même type a été construite dans cette ville en 1973).
Constructeur :
Entreprise Baudin-Chateauneuf (45.Chateauneuf/Loir).

Un édifice conçu comme salle polyvalente.

Elle offre en effet un espace modulable selon plusieurs hypothèses d'aménagement intérieur.
Spectacles (3700 places) + exposition sur 2000m2.
Sport : 1600 places pour basket, hand ball, boxe.
Salle de bal pour 2500 personnes.
Patinoire.

Une architecture spectaculaire :

Elle se présente sous la forme d'une ellipse de 69mx46 dans ses plus grandes dimensions.
Elle affecte une forme générale en « selle de cheval » (ou « paraboloïde hyperbolique » en termes plus techniques) articulée sur des arcs en béton, lesquels reposent sur deux puissantes assises d'aspect très sculptural ; un maillage de câbles longitudinaux et transversaux assure la mise en tension et l'équilibre de cette couverture.
Une structure périphérique de poteaux légers en acier et de câbles ou tirants d'ancrage a surtout un rôle dans le contreventement de l'édifice.

PARC DU VAL D'ADOUR, RABASTENS DE BIGORRE

Architecte : Bernard Merlin (Lyon).
Ingénieurs conseil : CESO (Montauban).
Plans : 1977-79, construction : 1981.

Marché aux bestiaux spécialisé dans le négoce des bovins (notamment des veaux), au rayonnement régional important, Rabastens voulait se doter d'un équipement moderne adapté aux conditions actuelles ; le nouveau « Parc du Val d'Adour » était censé répondre à ces besoins grâce aux services offerts (par exemple le bâtiment administratif et de restauration situé au centre du complexe).
Mais,sur le plan architectural, la partie la plus intéressante est constituée par les deux vastes halles qui abritent le bétail.
Trois projets furent proposés par l'entreprise choisie, dont un couvert par des fermes métalliques, l'autre par des profilés en lamellé-collé ; c'est finalement la structure en béton qui fut choisie.
Ces deux halles, perpendiculaires l'une par rapport à l'autre, ont 70m de côté.
Chacune est constituée de 7 travées de 10m de large, formées par une série de portiques de béton armé, en forme de gigantesques béquilles ; chacune de ces béquilles ayant une portée d'environ 26m au sol, les halles offrent donc un espace abrité de plus de 50m de large sur 70m de long ; en outre, la halle se prolonge sur deux côtés par des sortes de « marquises » abritant les camions lors des opérations de charge/décharge du bétail.