LE RESTAURANT DE L'AERODROME DE LALOUBERE
Ce petit édifice nous semble en effet très proche de la description générale qui précède :
La façade sud superpose un rez-de-chaussée (salle du restaurant) presqu'entièrement vitré et ouvert sur l'espace extérieur qui le prolonge naturellement à la belle saison et une grande terrasse au 1er dont la rambarde accentue l'horizontalité du bâti.
Le corps principal, rejeté sur le côté ouest présente une spectaculaire cage d'escalier en forme de rotonde vitrée ; pas de décoration superflue, seul le jeu des volumes et des lignes et la dissymétrie d'ensemble créent le dynamisme du bâtiment.
On peut rapprocher son style et son allure des villas de Robert Mallet-Stevens telles que la villa Noailles à Hyères ou la villa Poiret à Mézy-sur-Seine.
LE NOUVEAU CASINO D'ARGELES-GAZOST
Historique :
A l'origine du parc thermal, il y a l'exploitation de la source thermale de Gazost accordée à Hector Sassère, président de la Société Thermale des Pyrénées, en 1882-84 ; d'où le lotissement progressif du quartier thermal de 1890 à 1930.
C'est au cœur de ce quartier et au sein même du parc qu'un Institut de Thérapeutique Physique est édifié en 1903.
La ville achète l'ensemble en 1935-37 et décide la transformation de l'institut en casino :
Les plans sont dressés par Jean Escougnou en 1938 ; les travaux qui suivent permettent l'inauguration officielle en Juillet 1939 en présence du maire Lemettre, du député Fould et du sénateur Mirbeau.
Description :
Comme la plupart des casinos des villes d'eau, il s'agit, au-delà des salles de jeu d'offrir un complexe de loisirs plus ou moins mondain ; l'ensemble comprend en effet :
- une salle baccara
- un foyer
- un dancing-bar
- une salle de spectacle de 480 places avec cabine de projection cinéma (à l'emplacement des anciens bains et piscine)
- une terrasse extérieure revêtue de granito sur béton, accueillant une piste de dance en plein air
- un bassin extérieur avec jet d'eau
La ville ayant choisi de conserver une bonne partie du bâti de 1903, l'édifice présente une curieuse juxtaposition de deux façades d'inspiration différente :
- la façade Nord de l'ancien institut, elle-même de style néo classique, précédée par la magnifique grille du parc de pur style Art Nouveau.
- la façade Sud de 1939 qui offre un bel exemple du « style paquebot » très en vogue au cours des années trente.
Nous avons éliminé sur ces images la signalétique installée par le groupe exploitant actuellement le casino, signalétique altérant profondément les qualités esthétiques de cette façade ; ainsi apparaissent mieux les lignes générales horizontales qui sont soulignées par les corniches et moulures, de même que le jeu subtil et élégant des parties lisses et lumineuses alternant avec les éléments géométriques en creux ou en relief (remarquons au passage l'importance accordée aux pavés de verre très à l'honneur depuis les années 20 par leurs effets décoratifs et fonctionnels : douce diffusion de la lumière naturelle à l'intérieur, réflexion/diffraction du rayonnement solaire à l'extérieur).
Observons encore que le choix des huisseries métalliques actuelles des trois grandes entrées n'est pas non plus très heureux et en tous cas pas vraiment en harmonie avec l'esthétique d'ensemble de la façade.
L'ANCIENNE VILLA ROTHSCHILD, ARGELES
Actuel Hôtel Miramont, du même architecte Jean Escougnou, tout proche du casino, avenue des Pyrénées.
A l'origine de l'hôtel actuel, il y a une villa construite en 1937-39 pour Maurice De Rothschild, ancien député, établi dans les Hautes-Pyrénées depuis les lendemains de la guerre 14-18.
Les plans en furent dressés par Jean Escougnou, fils de l'entrepreneur bien connu à Argelès, jeune architecte formé à Paris dont c'était pratiquement le premier travail.
Le propriétaire, amené à quitter le pays et s'exiler pendant la guerre et l'Occupation, en confie la garde et l'entretien au constructeur Escougnou père, puis lui en fait don.
Elle se présente alors comme une villa d'avant-garde d'esprit moderniste, plutôt marquée par le style « paquebot » comme la nouvelle façade du casino voisin, dessinée d'ailleurs par le même architecte dans ces mêmes années ; comble de luxe, elle comportait une piscine en terrasse.
Assez vite, la villa posera des problèmes d'entretien et notamment des problèmes d'étanchéité qui amèneront le nouveau propriétaire à supprimer la piscine.
Elle est rachetée en 1953 par M. et Mme Pucheu qui après travaux la transforment en hôtel qui ouvre ses portes en 1963, d'où une première série de transformations qui altèrent l'aspect de l'édifice : surélévation et toit d'ardoise, suppression d'un grande partie des garde-corps en ciment et remplacement par de banales ferronneries…
De nouvelles transformations ont lieu en 1993 lorsque la 2ème génération de la famille Pucheu entreprend une mise aux normes des chambres , une extension du restaurant au rez-de-chaussée et l'installation d'un ascenseur : cela fera disparaître l'essentiel de la façade est et l'entrée sud ; cependant l'architecte pressenti s'est efforcé de retrouver les lignes originelles de la villa ( nouveaux balcons inspirés de l'esprit Art Déco aux garde-corps en ciment striés horizontalement, nouveaux hublots…) et d'intégrer ainsi l'ancien et le nouveau. Si la spectaculaire clôture et ses moulures caractéristiques en ciment a dû être démolie côté Est pour laisser place à un petit parking, elle a été intégralement conservée côté Sud.
Depuis 2006, l'hôtel fait partie du groupe Best Western ce qui a imposé une nouvelle mise aux normes de confort et d'équipements, mais malgré ces péripéties successives, l'atrium central avec son escalier et une partie de son décor de verre gravé a été préservé.
LES HOTELS
Il semble qu'une nouvelle offre hôtelière soit proposée à une clientèle sensible à un nouvel art de vivre ou plus modestement à un nouveau confort, d'où un important mouvement de construction ou de modernisation de nombreux hôtels soit à Lourdes, ville de pèlerinage, mais aussi dans les cités thermales comme Bagnères ou Capvern-Les-Bains ; à noter cependant qu'il s'agit dans bien des cas, de façades simplement plaquées sur un édifice dont l'agencement intérieur reste plutôt conventionnel.
DIVERS
On peut ajouter enfin des édifices dont la construction est suscitée directement par le développement des transports, du commerce et loisirs modernes comme l'automobile et la route, l'aviation, les grands magasins, le cinéma (par ex à Paris l'aérogare du Bourget, la nouvelle Samaritaine près du Pont Neuf, le Grand Rex sur les Grands Boulevards)… localement nous en trouvons quelques exemples, modestes mais assez réussis :
Les cinémas Pax à Lourdes et ABC à Tarbes, dont les façades ont été édifiées après guerre, mais cela montre précisément le persistance de la touche « Art Déco » sur une longue période, jusqu'aux années 50 au cours desquelles le style « moderne international » imposera sa marque à la majeure partie de la production architecturale de notre pays (c'est ce que nous verrons dans la partie suivante intitulée « les années 50-70 dans le sillage des Modernes »).