Un modernisme tempéré :
En effet, le style Arts Déco propose une modernité relativement consensuelle, recherchant une élégance qui le situe dans la grande tradition du « goût français » initiée aux XVIIème et XVIIIème siècles. Favorablement accueilli par une partie de l'élite financière et industrielle ouverte à la nouveauté, impulsé aussi par les milieux de la mode et du spectacle, ce mouvement connaît une grande diffusion en France et dans le monde dans les deux décennies qui suivent (par ex aux Etats Unis où il connaît un véritable âge d'or). Le lancement des nouveaux transatlantiques, « Ile de France » en 1927 et surtout « Normandie » en 1935, véritables ambassadeurs de ce « goût français » sur la grande route Europe-New York devenue un rendez-vous mondain, lui apportera une consécration internationale qui en marque l'apogée à la veille du 2ème conflit mondial.
Parallélement, l'Exposition Coloniale de 1931 (voir le Palais des Colonies d'Albert Laprade) et
l'Exposition Internationale de 1937 (voir Palais de Chaillot et Palais de Tokyo) voient se consolider une forme de
"classicisme moderne" (l'expression est de Louis Hautecoeur), retrouvant le goût du monumental à l'occasion de grandes commandes publiques et que ses détracteurs appelleront plutôt « académisme moderne ». Auguste Perret en sera un des plus éminents et influents représentant jusqu'aux années 50.
Une formule à succès
Sur la Côte Basque et son arrière-pays, il connaît un grand succès dans les stations balnéaires ou de villégiature plus ou moins mondaines (au même titre que le style « néo basque » qui se développe au même moment):
- Biarritz (casino, musée de la mer, Hôtel Plaza…)
- St Jean de Luz (casino-pergola de Mallet-Stevens aujourd'hui malheureusement défiguré)
- Dax (Hôtel Splendid, Atrium-casino d'Albert Granet)
- Bayonne (Bureau des Affaires Maritimes, Douanes)
- Ajoutons Pau et son Boulevard des Pyrénées
Dans notre département, on trouvera tout naturellement de nombreux exemples dans les stations thermales ou touristiques comme Bagnères, Argelès, Lourdes, Capvern que nous présenterons dans la quatrième partie (principalement des hôtels). Par ailleurs, et bien que le contexte économique des années 30 ne soit guère porteur, certaines administrations ou services publics modernisent leurs locaux ou installations ce qui donne naissance à quelques édifices intéressants à analyser (pensons par exemple aux PTT qui modernisent services postaux et téléphoniques). C'est précisément par ces exemples que nous avons choisi d'ouvrir notre sélection de bâtiments.