Tout au long du XIXème siècle et des premières décennies du XXème, l'école des Beaux Arts de Paris est le principal lieu de formation des architectes (ateliers, loges de préparation du concours du Grand Prix de Rome…) et l'institution qui délivre le titre officiel d'Architecte diplômé par le gouvernement (DPLG) véritable sésame pour intégrer le métier…et recevoir les commandes. Son influence et sa notoriété sont alors à son zénith et elle rayonne y compris au plan international (par ex, de nombreux jeunes architectes américains viennent s'y former avant de retourner dans leur pays). Elle devient alors la dépositaire et la matrice de l'architecture officielle, du Second Empire à la IIIème République, couvrant la France de milliers d'édifices publics(préfectures, mairies, tribunaux, écoles, lycées, postes, églises…etc) qui marquent encore fortement le paysage urbain de notre pays.

La doctrine esthétique dominante est celle qu'il convient d'appeler « éclectisme historiciste » :

  • elle est « historiciste » en ce sens qu'elle s'inspire des nombreux mouvements ou styles qui ont jalonné et construit l'histoire architecturale de l'Europe. Ses références les plus marquées sont bien sûr celles de l'héritage classique gréco-romain, lui-même réinterprété par la Renaissance puis le classicisme français des XVIIème et XVIIIème siècles ; il ne s'agit pas de copier servilement les styles du passé et de se livrer à des pastiches sans originalité (ce qui peut néanmoins arriver parfois) mais d'en comprendre les leçons constructives et stylistiques et les réinterpréter pour répondre à des besoins et des programmes contemporains.
  • elle est « éclectique » en ce sens qu'elle choisit de façon explicite dans tel ou tel système constructif ou décoratif du passé des solutions adaptées aux commandes précises qui sont adressées aux architectes ; par ex, le choix se portera sur le style néo grec ou romain pour l'édification d'un palais de Justice au milieu de XIXème, sur le style néo roman ou néo gothique pour une église paroissiale sous le Second Empire, ou encore sur le style néo renaissance pour les nouveaux hôtels de ville de la IIIème République triomphante au début du XXème.
  • par ailleurs, l'éclectisme ou l'esprit éclectique diffusé par l'Ecole pousse certains architectes à rechercher une rapprochement entre des styles d'époques ou d'origines géographiques différentes, opérant ainsi des juxtapositions ou des synthèses audacieuses ou tout au moins originales : on pourra le qualifier d'éclectisme composite.


L'exemple de Jean Jacques Latour, lui-même ancien élève des Beaux Arts de Paris, établi à Tarbes de 1842 à sa mort en 1868, nous permettra d'illustrer chacun de ces points :
  • il dessine une mairie-halle d'inspiration néo classique pour la ville de Maubourguet (1846-49)
  • s'inspirant plutôt des styles médiévaux pour les églises, comme le roman à Pujo ( 1865) ou à Ossun, ou le gothique à Laloubère.
  • il ne néglige pas la modernité de son temps, édifiant pour la même ville de Vic une nouvelle halle toute en fonte et fer (1863) (voir aussi Ier volet, Chapitre I « l'architecture du fer »)
  • enfin, pour illustrer « l'éclectisme composite », citons les transformations qu'il opère au cours des années 1850, après la mort de son propriétaire, sur la villa de Placide Massey à Tarbes (aujourd'hui Musée) en juxtaposant un corps de bâtiment inspiré de la renaissance italienne avec une tour-minaret orientalisante néo mauresque ou mozarabe.

Photographies de Maurice MORGA
L'Architecture du XX siècle en Hautes-Pyrénées
VOLET N°2 : TRADITIONS ET MODERNITES
HISTORICISME, ECLECTISME, RATIONALISME (FIN 19° - DEBUT 20°)
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Introduction
L'âge d'or du style "Beaux-Arts"
UN ARCHITECTE ECLECTIQUE : JEAN JACQUES LATOUR
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Travail de recherche
Maurice MORGA - Professeur retraité
Conception multimédia
Florent Lafabrie - CANOPE des Hautes-Pyrénées