Les deux ou trois dernières décennies ont vu s'accélérer l'installation d'activités culturelles et de loisirs dans des espaces inédits, partiellement ou totalement reconvertis ; ce phénomène est général dans les pays avancés où les mutations économiques et urbaines récentes ont produit de nombreux espaces délaissés et des bâtiments désaffectés (songeons aux lofts newyorkais, anciens ateliers et entrepôts de Soho, massivement investis par les artistes et créateurs dès les années 60-70 et la désormais célèbre « Factory » d'Andy Wharhol). Plus près de nous, en France, on peut affirmer qu'un moment décisif a été l'installation du festival d'Avignon dans la cour d'Honneur du Palais des Papes à l'initiative de Jean Vilar dès l'immédiat après-guerre: signal d'une conquête de nouveaux espaces urbains, hors des lieux habituels de la production ou de la mostration artistique (théâtres, salles de concert, musées…) par des activités culturelles nouvelles ou renouvelées à la recherche aussi d'un nouveau public (ici le TNP, Théâtre National Populaire). Dans les années 70, la reconversion de l'ancienne gare d'Orsay, sauvée in extremis de la démolition, en musée du XIXème siècle a représenté également un signal très fort : qu'une ancienne gare, édifice utilitaire s'il en est, puisse devenir un haut lieu culturel au cœur de la capitale, voilà qui ne manquait pas de susciter des vocations dans l'ensemble du pays, ce qui se produira massivement à partir des années 80.

L'exemple toulousain illustre bien cette évolution :

  • Un musée des Beaux Arts installé au XIXème dans un ancien couvent (les Augustins).
  • Une galerie d'exposition consacrée à la photographie (art né au XIXème) grâce à l'action tenace de Jean Dieuzaide, ouverte en 1974 dans un lieu ô combien insolite : un ancien château d'eau au bord de la Garonne!
  • Enfin l'art contemporain vient se loger au début des années 2000 dans les anciens abattoirs du quartier St Cyprien.

Les Hautes Pyrénées n'échappent pas à cette évolution générale de la « société des loisirs » et ce d'autant plus que la crise industrielle frappant particulièrement ce département dans les années 1980-2000, d'importantes friches industrielles vont donner matière à réflexion urbanistique. Si la galerie du Carmel à Tarbes ou l'espace culturel Maintenon à Bagnères de Bigorre s'inscrivent dans un processus déjà bien connu -édifices religieux reconvertis- des scénarios inédits jusque là se sont réalisés :

  • Halles de Lourdes partiellement reconverties en médiathèque.
  • Anciens thermes du salut à Bagnères de Bigorre devenant un musée du marbre.
  • Villa Oustau, classée à l'inventaire des Monuments Historiques en 1994, devenant Espace Culture et Loisirs de la Ville d'Aureilhan.
  • Anciennes usines ou ateliers reconvertis : Comet/Citécycle à Bagnères, Arsenal à Tarbes où plusieurs ateliers sont désormais réaffectés en lieux culturels et de loisirs (voir à ce sujet le chapitre suivant « remodelages urbains » où ces exemples sont développés).

Par ailleurs, dans les villes d'eaux, les thermes édifiés au XIXème connaissent une évolution significative des pratiques de loisirs aujourd'hui : confrontées au ralentissement de la fréquentation traditionnelle à caractère thérapeutique, elles cherchent de nouvelles activités susceptibles de maintenir voire d'augmenter leurs recettes. D'où le choix généralisé de restructurations et d'extensions des établissements thermaux pour accueillir de nouvelles installations thermo-ludiques orientées vers la remise en forme ou le bien être. Dans ce cadre, les architectes ont été invités à concevoir des ailes nouvelles et restructurer les bâtiments anciens revisités et mis au goût du jour ; cela a donné lieu à d'intéressants aménagements que nous présentons ici :

  • Aquensis à Bagnères de Bigorre
  • Les Jardins des Bains à Argelès-Gazost
  • Les Bains du Rocher à Cauterets
  • Edenvik à Capvern-les-Bains


LA MEDIATHEQUE DE LOURDES


L'aménagement de la nouvelle médiathèque du grand Lourdes s'inscrit dans le vaste chantier de réhabilitation/restauration des halles, commencé en 2004 et achevé en 2007. Rappelons que cette halle fut à l'origine construite à Toulouse sous le Second Empire (1862-65) puis démontée 30 ans après, en 1892, pour être rachetée par la ville de Lourdes et érigée à nouveau sur la place du Champ Commun afin d'y accueillir le marché alimentaire quotidien.

Le parti général du programme était de conserver et réhabiliter l'ensemble de l'édifice en en conservant les qualités constructives et esthétiques ; ainsi, tandis que le pavillon est restait dévolu au marché , le pavillon ouest serait reconverti en médiathèque moderne.
Comme dans le pavillon Est, l'architecte Jacques Leccia a donc pris soin de conserver et mettre en valeur la superbe ossature d'origine en fonte, se contentant de glisser à l'intérieur du vaste espace intérieur les aménagements dédiés aux nouvelles fonctions ; une mezzanine a été installée en périphérie(anciens bas-côtés de la halle)formant un étage intérieur accueillant des rayonnages de livres et les services administratifs. Les verrières hautes ont été conservées, diffusant une lumière quasi zénithale qui vient adoucir l'éclairage électrique rendu nécessaire par le nouvel usage des lieux.


LE CONSERVATOIRE DE MUSIQUE HENRI DUPARC, TARBES


historique:

Edifiée fin XIXème, la chapelle des Pères de Garaison reste ouverte au culte jusqu'en 1906.
Rachetée par la ville, elle devient école pratique de commerce et d'industrie pour jeunes filles (1906-28), puis école professionnelle de filles pour l'enseignement ménager jusqu'en 1960.


A cette date elle devient école municipale de musique.
C'est de novembre 1987 à février 1989 que se déroulent les travaux de transformation destinés à mettre à niveau des installations désormais obsolètes.

Le programme:

Aménagement de locaux d'enseignement musical , de danse et administratifs, prévus pour 1000 élèves environ avec construction d'un auditorium de 250 places; le tout sur la parcelle existante aux dimensions réduites (42mx39m).
Contrainte imposée: conserver l'ancienne chapelle ( la conservation du bâtiment du Cours Gambetta étant souhaitée mais non imposée).
Des contraintes de hauteur et de gabarit en découlent:

  • hauteur maximale façade 12m
  • hauteur maximale au faîtage 18m
  • pente de toiture inférieure à 45°

Le projet retenu est celui de l'équipe d'architectes François Gassan (Tarbes) Michel Camborde et Jean Michel Lamaison (Pau).
Il affirme à la fois « doter la ville d'un instrument pédagogique exemplaire » mais aussi « exprimer architecturalement un message culturel empreint de lyrisme et de poésie ».
L'ancienne chapelle est mise en valeur et participe de façon essentielle à la composition volumétrique de l'ensemble; en conservant son identité visuelle elle reste un point de référence fort à un carrefour très fréquenté du centre-ville. Pour renforcer cet ancrage dans le passé du bâtiment, les architectes ont récupéré 7 lucarnes sculptées des bâtiments démolis pour les incorporer aux nouvelles façades(3 sur le cours Gambetta, 4 sur la Place Brauhauban).


Au centre de l'ancienne cour a été installé le nouvel auditorium Gabriel Fauré, tandis que la salle de répétitions César Franck (chorale, jazz...) se niche au 3ème étage, surmontée par un dôme surbaissé qui domine la composition d'ensemble côté Est.


Un jeu subtil lignes droites/lignes courbes, ombres/lumières préside à la composition des façades:

  • d'une part, placés en limite de parcelle (alignement sur rue) des éléments fortement structurés formés de panneaux, poutres horizontales et colonnes verticales le tout en béton;
  • d'autre part, à l'intérieur de cette ossature installée en périphérie de parcelle, s'accroche ou circule une façade ondulante de panneaux de verre qui vient «fluidifier» cette enveloppe quelque peu monumentale.

Selon les auteurs, la symbolique de ce parti peut s'interpréter comme une composition musicale, l'alignement, structure rigide, constituant la portée, les courbes (et les lucarnes?) étant les notes qui courent sur cette portée.


Par ailleurs, le choix d'une seule couleur (monochromatisme) pour peindre l'ensemble du bâtiment contribue à unifier l'ancien bâtiment (la chapelle) et les nouvelles constructions tandis que les panneaux-miroirs animent l'édifice par le jeu des reflets changeants selon l'heure du jour et la saison.

Une retouche récente:

En 2009-2010 l'architecte Yvan Peytavin a été chargé de mener un important aménagement pour renouveler l'espace d'apprentissage et d'expression artistique.
La partie la plus visible a consisté à restructurer l'ancienne chapelle pour y glisser la bibliothèque au rez-de-chaussée et 2 salles de danse superposées dont l'une en légère surélévation.
Au-dessus de l'entrée, une résille de métal doré, recouvrant l'ancien mur-rideau de verre sombre, apporte une touche lumineuse bien venue à la charnière de la chapelle et des bâtiments neufs.


LE CARMEL, TARBES


Les bâtiments actuels ont été construits en 1873-75 pour accueillir les religieuses du Carmel de Tarbes fondé en 1870 par 4 carmélites venues de Bagnères à la demande de Mgr Laurence, évêque; après le transfert des dernières religieuses et leur réinstallation à Laloubère en 1988-1991, l'ancien carmel devient propriété de la ville en 1994.
Les bâtiments conventuels s'ordonnent autour d'une cour à l'ouest (rue Théophile Gautier) et d'un cloître à l'est .


Se pose alors la question de leur nouvel usage et de nombreux projets de reconversion fleurissent pour cet ensemble situé tout près du centre-ville et du jardin Massey; à cette époque la ville ne dispose que d'un parc muséographique très réduit, aussi on songe à y accueillir le fonds du musée Massey ou y exposer une partie des collections. Certains suggèrent de le transformer en résidence d'artistes (ce qui sera fait quelques années plus tard avec l'ancien cinéma Le Paris), d'autres encore d'y rassembler les archives municipales alors mal logées à la mairie et à la bibliothèque municipale.
En définitive, la réaffectation s'est limitée à l'ancienne chapelle devenue galerie municipale d'expositions, tandis que les bâtiments à l'arrière autour du cloître, sous utilisés, n'accueillent que les activités des Amis des Arts de Tarbes et de la Bigorre.
Les transformations architecturales ont donc été limitées :

  • rénovation des façades ouest
  • mur de clôture abattu ce qui a créé un parvis ouvert sur l'espace public et un petit square de proximité. Le bâtiment est ainsi mis en valeur par rapport à la rue Théophile Gautier.


Le débat sur l'aménagement de la chapelle s'ordonna autour d'une question centrale : fallait-il conserver ou non l'escalier et le plancher de l'abside qui découpe l'espace en deux volumes distincts et donne accès à deux niches latérales en léger contrebas.
Le supprimer permettait d'obtenir un espace d'exposition homogène, proche du « cube blanc » préconisé par la muséographie moderne ; le choix fut fait de le conserver en l'état ce qui créait certaines contraintes d'exposition :

Les deux cryptes doivent ainsi recevoir des œuvres de petit format plus intimistes, tandis que l'abside surélevée accueille souvent des œuvres majeures de grandes dimensions et ceci dans l'axe de l'entrée ce qui ordonne et donne aussi le ton de l'ensemble exposé.
On notera pour terminer que le rafraichissement récent de l'intérieur de la chapelle contribue à unifier et éclaircir l'ensemble de l'espace et l'orienter finalement vers le fameux « cube blanc » que nous évoquions précédemment…


LE PARI, TARBES


Ancien cinéma construit en 1948 sur des plans de Raoul Fourcaud, cette salle traditionnelle avec parterre et balcon, fut restructurée en 1983 en complexe cinématographique à 6 salles avant de fermer définitivement en 1999. Racheté par la ville de Tarbes en 2001, il revit sous un nouveau nom qui le rattache directement à son histoire tout en suggérant sa nouvelle fonction : « fabrique artistique », c'est-à-dire lieu de résidences et de créations contemporaines pour troupes de théâtre, de musique, de danse…structure de travail ouverte et modulable, elle permet de sensibiliser le public par des répétitions ouvertes, des lectures-spectacles, des ateliers dramatiques, elle constitue un lieu de rencontre des créateurs régionaux avec des professionnels, les institutions culturelles, la presse et un large public.
Le Pari ouvre en février 2004 et vient alors prendre place auprès des 3 autres salles municipales (Théâtre des Nouveautés, la Gespe, Musicol) dans un ensemble intitulé « Tarbes en scènes ».
Dans sa nouvelle formule, le bâtiment a gardé ossature et gabarit extérieur d'origine, la façade sur rue elle-même s'efforçant de retrouver l'élévation et le dessin de Raoul Fourcaud.


C'est dans sa distribution intérieure, adaptée à sa nouvelle fonction, que l'édifice a le plus changé :
La grande salle a été divisée en deux : seul les gradins du balcon ont été conservés pour devenir la salle de spectacles de 200 places avec une scène de 11m sur 10.


L'ancien parterre et rez-de-chaussée a été cloisonné pour recevoir la salle de répétitions à 20 places (avec scène aux mêmes dimensions que la grande salle du 1er), une salle petit module à 80 places, une salle d'exposition modulable.


BAGNERES DE BIGORRE, CENTRE CULTUREL MAINTENON


Il s'agit de l'ancien pensionnat Maintenon tenu par les Sœurs de Nevers, acheté par la ville en 1978 et reconverti en centre culturel multi activités pour les amateurs (danse, musique , chant, théâtre) ; l'ancienne chapelle est devenue le cinéma, lui-même réhabilité en 1998.


BAGNERES DE BIGORRE, ANCIENS THERMES DU SALUT


Comme le projet Aquensis, la restructuration et l'aménagement des anciens thermes du Salut s'inscrit dans la volonté de la ville de Bagnères de mettre en valeur et exploiter de façon nouvelle son riche patrimoine architectural.
Les thermes de Salut, fondés au XVIIème siècle, furent logés fin XVIIIème (1781) à l'initiative de la famille d'Uzer dans un nouvel établissement aux allures d'hospice religieux, ce qui n'était pas sans rapport avec sa vocation thérapeutique ; il accueillait une série de baignoires en marbre où se pratiquaient les bains que l'on peut encore voir in situ dans l'actuel musée du marbre et du thermalisme. Un siècle plus tard (1875) une aile nouvelle permet de passer de 8 à 18 baignoires ; c'est là l'apogée de l'établissement qui sera finalement vendu à la ville en 1905, laquelle l'exploitera jusqu'en 1995…se posait dès lors la question du devenir du site.
Dès le début des années 90, on avait envisagé de relancer les thermes et de construire un nouveau centre thermal moderne en face de l'édifice ancien…à cet effet, le GCAU (architecte Philippe Guitton) avait proposé un projet (1992), abandonné in fine par le choix fait de réorienter l'activité thermale en centre-ville.


Ainsi, il fallait désormais trouver une nouvelle affectation à ce très bel ensemble architectural pluriséculaire.
Un nouveau projet voit donc le jour à la fin des années 90 ;la maîtrise d'ouvrage est confiée à la Communauté de Communes de Haute Bigorre, la conduite d'opération à la Semadev, l'architecte mandataire étant Philippe Guitton (GCAU :Groupement Coopératif Architecture Urbanisme). Les travaux engagés à l'automne 1998 seront achevés à l'automne 2003 pour la première tranche.

Le projet repose sur deux pôles :
  • un conservatoire ou muséum d'histoire naturelle, centré sur l'étude de la flore et la faune des Pyrénées en partenariat avec le Parc National des Pyrénées et l'Office National des Forêts, ouvert en 2003.
  • un musée du marbre en relation avec l'histoire de son exploitation dans la vallée (Campan, marbrerie Géruzet…), inauguré officiellement le 2 mai 2007.

Le choix fut fait de conserver, restaurer et restructurer le bâti existant constitué essentiellement des deux ailes articulées à angle droit (la principale du XVIIIème siècle orientée au sud, l'autre du XIXème orientée à l'est) ; ce parti impliquait en particulier un gros travail de restauration des charpentes et des boiseries d'où la durée du chantier et son coût (1,7 millions d'euros).


les centres thermo-ludiques


BALNEA, LOUDENVIELLE

Conçu par Jean Paul Pagnoux au cœur de la vallée du Louron, il s'agit d'une création ex nihilo, contrairement aux exemples suivants qui, comme nous l'avons indiqué dans l'introduction, s'appuient sur des thermes existants plus ou moins anciens ; ouvert en 2000, il a marqué le coup d'envoi de la création de ces centres thermo ludiques devenus des « incontournables » des stations thermales et de ski…sa modernité architecturale, clairement affirmée dans le contexte d'une vallée soucieuse de préserver son authenticité architecturale et paysagère, était aussi un signe que l'architecture contemporaine pouvait trouver sa place dans un tel environnement. Une extension signée Pastor et Vidalon, dénommée « les bains japonais » a été ouverte en 2011.


AQUENSIS, BAGNERES DE BIGORRE


Ce projet de centre thermo ludique s'inscrit dans le prolongement de la politique de revitalisation des activités thermales engagée dans les années 1990 : remise à niveau et extension/modernisation des thermes anciens, première esquisse de diversification…
Au début des années 2000, il s'agit cette fois de restructurer et réorienter les néo thermes construits à la fin du XIXème : le nouveau centre de bien-être ou spa thermal sera implanté au cœur de cet édifice, remplaçant la piscine thermale désaffectée depuis la mise en service du centre de rééducation fonctionnelle plus moderne ouvert notamment aux personnes accidentées ou victimes de paralysies ; cette piscine, ouverte à l'origine sous une belle verrière métallique d'inspiration Art Nouveau , déjà transformée et modernisée dans le goût Art Déco moderniste, est donc détruite en préalable au chantier proprement dit.


Après un concours qui vit se confronter 12 propositions, le choix se porta sur le projet de l'architecte toulousain Luc Demolombe, spécialiste de l'architecture thermale et particulièrement des structures en bois ;
La ville de Bagnères, maître d'ouvrage qui finance le projet à hauteur de 50%, confie la conduite d'opération à la Semadev.
Les travaux sont menés en un temps record entre juin 2002 et juillet 2003 ; pour un coût de 6,6 millions d'euros avec un objectif de 70 000 entrées annuelles, il fallait concevoir une installation spectaculaire et attractive.


C'est ainsi que le concept d'ensemble est fondé sur « la théâtralisation des eaux » par la création de multiples installations comme les hammans (installés dans les soubassements voûtés du bâtiment), le bassin d'aqua-musique, les jacuzzi en terrasse, l'espace bien être, l'espace forme, l'espace beauté…autant d'attractions censées ravir les baigneurs. Mais la pièce-maitresse reste le grand bassin et sa spectaculaire ossature arborescente en bois de 17m de haut qui supporte la terrasse-solarium et son belvédère (cet ouvrage a reçu le 2ème prix des trophées du bois en 2004);le plafond de verre qui couvre une partie de cette terrasse permet un éclairage zénithal de la nef qui couvre donc le grand bassin.


Toutes ces transformations se sont insérées dans l'espace situé entre les deux ailes sud (casino) et nord (théâtre) en ne modifiant que de façon marginale l'aspect général de l'édifice : seule la façade arrière a subi quelques transformations pour loger des installations techniques, tandis que la façade est recevait une marquise en bois qui signale au public l'entrée de l'établissement.


La dernière phase de ce projet consiste dans la rénovation du spectaculaire théâtre logé dans l'aile nord de l'édifice, reconverti un temps en cinéma, et dont le décor néo rococo mérite une restauration minutieuse (en cours à ce jour , 2014 , sous la direction de Luc Demolombe).


CAUTERETS, LES BAINS DU ROCHER


Dès 2001, un premier projet de centre thermo-ludique était envisagé dans le hall des bains de César, mais il fut rapidement abandonné car jugé trop petit ; la fermeture des thermes du Rocher voisins en 2006 est l'occasion de relancer en 2007 un concours d'architecte remporté par Jean Jacques Rougerie, membre de l' Académie des Beaux Arts et connu comme architecte de structures sous marines. Le chantier ouvre en sept 2008 pour une livraison en juin 2010.
Un bel exemple de « façadisme » :
Ce néologisme a été forgé par certains commentateurs de la scène architecturale contemporaine pour désigner le procédé qui consiste à conserver une ou plusieurs façades d'un édifice classé ou protégé tout en restructurant très librement l'intérieur-voire en le détruisant totalement- transformant l'édifice ancien en une véritable coquille vide dans laquelle on installe une nouvelle distribution parfois sans rapport avec la précédente ; cette opération a été très souvent mise en œuvre pour contourner ou se jouer de contraintes posées par les architectes des Bâtiments de France et réaliser de juteuses opérations immobilières, cas de nombreux immeubles haussmanniens dans les quartiers d'affaires de Paris… ajoutons au passage que cela permet d'escamoter une véritable réflexion sur la cohabitation et l'insertion de l'architecture contemporaine dans le tissu urbain ancien.
Ici à Cauterets, la façade des anciens Bains du Rocher a été conservée et réhabilitée en accord avec l'Architecte des Bâtiments de France « afin de conserver le dialogue avec l'établissement César » tout en créant « une synergie entre le bâtiment ancien d'architecture néo classique et une architecture de la transparence constituée par des murs de verre encadrant cette façade à l'ouest et au nord » (extraits de la présentation du projet par l'architecte)


A l'arrière, les nouvelles installations thermo-ludiques sont organisées autour d'un bassin circulaire couvert par un dôme translucide en verre et bois;des baies coulissantes permettent l'accès par beau temps à un bassin extérieur, les deux bassins étant alimentés par des eaux à 39°.
L'ensemble a été décoré par le palois Jean Pierre Bouvée. Pour l'architecte, cette forme circulaire se veut à la fois héritage de la tradition thermale romaine et de la tradition locale du « chaudron des bergers » -lou cautares- emblématique de la ville de Cauterets.
A noter que le mur de verre et le solarium gazonné prévus dans le projet initial à droite du pavillon d'accueil ont été remplacés par une terrasse en relation avec le café et une pergola assurant une liaison visuelle avec les thermes de César ; les rochers voisins ont été habilement utilisés pour ménager une sorte de solarium-belvédère dominant l'ensemble du complexe.


CAPVERN-LES-BAINS , L'EDENVIK


Cette extension des thermes de Hount Caoute, alimentée en eau naturellement chaude à 34° captée sur place, a été réalisée de 2008 à 2010 ; conçue par le GCAU de Tarbes, c'est Jean Jacques Durancet qui en est le maître d'œuvre. Comme les établissements décrits précédemment, il se veut un lieu dédié « au bien être en eau thermale » grâce à son spa, son espace relaxation, remise en forme, diététique et son institut de beauté ; une verrière circulaire surmontée d'un dôme en est la pièce maitresse tandis que les sculptures en bois évoquent la culture viking et le raffinement scandinave.


ARGELES-GAZOST, LE JARDIN DES BAINS


Cet aménagement de 2000 m2 de surface a été réalisé par l'architecte Jean Paul Pagnoux de mars 2010 à juin 2011 ; en fait l'opération peut se décomposer en deux parties distinctes :

  • d'abord l'extension des thermes existants, construits lors de la création de la station à la fin du XIXème siècle. En effet, l'élégante façade néo classique au pittoresque habillage de galets et briques était restée inachevée faute de moyens ; une aile scrupuleusement identique est donc venue se souder au bâti ancien en respectant matériaux et modénature (mais sur une ossature en béton répondant aux normes anti sismiques)


  • à l'arrière de cette aile a été construite l'extension appelée « le jardin des bains » avec un souci d'utiliser des matériaux naturels et recyclables ; deux pièces-maîtresses structurent ce nouvel ensemble : la Forêt d'Emeraude de forme circulaire et coiffée d'un dôme et la Zigourat pyramidale, inspirée de l'art maya.



L'Architecture du XX siècle en Hautes-Pyrénées
VOLET N°2 : MARIER L'ANCIEN ET LE NOUVEAU
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Travail de recherche
Maurice MORGA - Professeur retraité
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Florent Lafabrie - CANOPE des Hautes-Pyrénées