Bien qu'assez tardivement industrialisé (plutôt à partir de la guerre 14-18 pour l'électro chimie, l'électro métallurgie et l' électro mécanique), notre département a subi de pLein fouet les effets conjugués des mutations économiques et de la crise industrielle de la fin du XXème et du début XXIème ; tous les sites industriels importants ont été affectés :

  • en premier lieu l'agglomération de Tarbes avec les fermetures successives de la tuilerie Oustau à Aureilhan, la Céraver à Bazet et Bordères, la SMF-Hugues Tools et pour finir l'Arsenal et ses 3000 employés.
  • à Bagnères de Bigorre avec la fermeture de l'usine textile Comet et les problèmes rencontrés par les Etablissements Soulé.
  • à Pierrefitte-Soulom avec la fermeture de la Cofaz.
  • à Lannemezan (Péchiney-Alcan).
  • même la bourgade de Maubourguet est touchée par la liquidation de la Fonderie Fabre.

Dans chacun de ces cas, s'est posée rapidement la question d'une démarche volontariste de réindustrialisation, pas toujours couronnée de succès dans le contexte économique général du pays. Cette crise (ou mutation) s'est en tous cas accompagnée de mutations spatiales considérables avec l'apparition de ce qu'il est convenu d'appeler désormais des « friches industrielles » (par analogie avec la déprise des terres agricoles) ; ce phénomène propre à tous les pays ou régions de vieilles industries (Europe et Amérique du Nord surtout) a ainsi pu conduire à des politiques radicales de « tabula rasa » c'est-à-dire de démolition systématique de vastes installations industrielles (par exemple la plupart des hauts fourneaux et aciéries de Lorraine) en vue de les transformer en nouvelles zones d'activités, sans tenir compte de leur possible reconversion. Sur ce point, et particulièrement pour les « friches » proches des centre villes, un net infléchissement s'est produit en faveur d'une reconquête de ces espaces urbains momentanément délaissés ; on peut alors parler d'une véritable politique de « recyclage » de ces friches urbaines par la réaffectation des anciens ateliers à de nouvelles activités, la requalification des zones industrielles pour les intégrer au tissu urbain environnant…bref, pour employer le langage des psychologues, il s'agit de « refaire ville » là où un traumatisme économique et social s'est fait durement ressentir altérant en profondeur l'espace social de la ville.

Nous développerons ici les exemples pris à Bagnères de Bigorre (ancienne usine Comet et ancien site Géruzet-Rocamat) et à Tarbes (Arsenal, tuilerie Oustau).

Nous inclurons à cette réflexion le cas de communes à caractère péri urbain qui elles aussi cherchent à requalifier leur centre ancien quelque peu anémié :

  • l'une, Barbazan-Debat, ancien village devenu banlieue de l'agglomération tarbaise,
  • l'autre, Andrest, tout à fait représentative de ce que certains géographes ou sociologues appellent le « rurbain » : à savoir, ces territoires ou communes qui tout en ayant conservé leur paysage rural et notamment un habitat traditionnel plus ou moins intact, sont en fait peuplés de catégories sociales à caractère urbain et qui en général effectuent de très nombreux déplacements domicile-travail ; de fait, les agriculteurs n'y constituent plus qu'un faible minorité tandis qu'elles sont devenues des communes-dortoirs.


BAGNERES DE BIGORRE, USINE COMET/ CITECYCLE


Historique:
Ancienne usine de tissage de laine édifiée au XIXème siècle (la plupart des bâtiments édifiés vers 1870) elle connait son âge d'or fin XIXème-début XXème, jusqu'à employer plus de 250 personnes. Malheureusement, la Société Pyrénéenne de Textile connaît un déclin inexorable au cours des années 1970 jusqu'à la fermeture définitive de l'usine au début des années 90; après plusieurs années d'abandon, la friche industrielle est rachetée par la Communauté de Communes du Haut-Bigorre en 1997.


Le projet Citécycle :


A l'initiative de Marie Claude Augé, chef d'entreprise et vice-présidente de la CCI de Toulouse, un projet de reconversion du site est étudié par la communauté de communes qui confie l'étude de faisabilité à Octaèdre Conseil (Toulouse), le diagnostic technique de l'état des bâtiments étant réalisé par le GCAU en mai 1998; enfin le site et les bâtiments sont remodelés par les architectes toulousains Francis Cardète et Gérard Huet. Le programme est financé pour moitié par la communauté de communes, pour l'autre moitié par l'Union Européenne (FEDER pour plus du tiers), l'Etat, les conseils régional et départemental.

L'idée centrale est la création d'un pôle touristique et sportif contribuant au développement économique de la vallée du Haut Adour, en valorisant sa position au pied du Tourmalet sur la route des grands cols pyrénéens, la «route du Tour»; Citécycle est donc explicitement tournée vers le monde du vélo, s'adressant à une clientèle d'amateurs passionnés (et plutôt aisés), aux professionnels et à l'industrie du cycle.

Le remodelage du site :


La plus grande partie des bâtiments existants est vouée à la démolition car jugée trop vétuste (et ce malgré un diagnostic GCAU plus nuancé); à leur place on va reconstruire des bâtiments neufs, au même emplacement, qui vont rester fidèles à leur taille et leur style architectural ce qui contribue à la mémoire des lieux (seul le pavillon d'accueil de l'usine au débouché de la passerelle sur l'Adour est conservé tel quel et rénové pour devenir un petit musée du vélo).


Ainsi, ouvert en juin 2002, Citécycle voit la réhabilitation et la reconstruction d'environ 6100 m2 de bâtiments qui se différencient en 3 espaces complémentaires:
  • Le centre d'hébergement (2300 m2, hôtel 3*) logé dans un édifice reconstruit à la place du bâtiment de la direction et de l'administration, en respectant son gabarit général, le rythme de ses ouvertures et sa toiture en ardoise; hôtellerie thématique tournée vers l'activité sportive elle comprend 40 chambres pour une capacité de 100 lits environ, et est équipée d'une salle de massage, une salle de récupération et une salle polyvalente. Si l'extérieur reste donc fidèle au bâtiment d'origine, l'aménagement et le décor intérieurs se veulent résolument contemporains (réalisation G. Tiné, plasticien et jmb Design Institut).


  • Le «cycloscope» (2900 m2), partie la plus originale, reconstruit sur l'emplacement d'anciens ateliers; il adopte le style «industriel» d'un grand hall éclairé par des sheds reprenant le profil caractéristique des fabriques du XIXème siècle. Il aurait dû abriter un musée interactif dédié à l'histoire du cycle et des vitrines d'entreprises (show rooms).


  • Enfin l'espace cuisines et restauration devait offrir une table grand public et une cuisine diététique pour les équipes sportives, ce restaurant appelé «La Fabrique» occupant une partie des anciens ateliers situés en bord d'Adour et partiellement démolis; à l'arrière de ce bâtiment, une ancienne cheminée de chaudière est conservée comme un «signal» historique et archéologique du site.


  • En outre, un parc paysager intégrant les bords de l'Adour, l'ancien canal de dérivation et une allée cavalière de belle allure couvre environ 10000 m2, ouvrant l'ensemble sur le magnifique paysage de la vallée de Campan et du Pic du Midi (remodelage conçu par l'atelier paysagiste Nemis).


La belle ambition de créer un «centre mondial du vélo» s'est quelque peu évanouie dans les années qui ont suivi, la clientèle n'étant pas au niveau escompté…en juin 2005 la société «citécycle» est mise en liquidation; la reprise par le champion Laurent Fignon en décembre 2005 amorce un nouveau destin en recentrant l'ensemble, rebaptisé Relais des Pyrénées-Centre Laurent Fignon, sur son côté sportif…malheureusement, le décès prématuré du champion cycliste en 2010 ouvre de nouveau sur un avenir incertain. Actuellement (2014), seul l'ancien musée-showroom est utilisé ponctuellement par exemple pour le Salon du livre pyrénéen.

BAGNERES DE BIGORRE, SITE GERUZET / ROCAMAT



A l'origine, l'entreprise marbrière Géruzet occupait un vaste espace incluant le parc et sa villa (actuel hôtel de ville) et une longue parcelle dédiée aux activités proprement industrielles le long de l'Adour, s'étirant quasiment entre le pont de pierre en amont et la passerelle du chemin de fer en aval ; une partie importante en fut distraite au début des années 50 pour édifier une cité HLM gérée par le Toit Familial. Cet établissement formait un ensemble de bâtiments assez hétéroclite comme le montrent des lithographies du XIXème siècle exposées au musée du marbre du Vallon du Salut. A l'arrière des ateliers, Léon Géruzet fit édifier une vaste villa aux allures de château au centre d'un beau parc à l'anglaise ; elle fut achetée par la ville en 1949 et la mairie s'y installa en 1951 (mandature de Joseph Meynier).


A la fin des années 80, alors que l'entreprise Rocamat, héritière de Géruzet a cessé ses activités 10 ans auparavant, il ne reste plus sur ces terrains que quelques bâtiments en mauvais état : rapidement, la « friche industrielle » était devenue une véritable ruine.


La réhabilitation/transformation des lieux :

La commune ayant racheté les terrains sans intention particulière mais simplement par intérêt pour un espace pouvant à terme servir à l'aménagement urbain, c'est finalement par touches successives, en profitant des opportunités offertes que se déroule la reconquête du site (elle est menée sous l'égide de la SEMADEV -Société d'Economie Mixte d'Aménagement et de Développement- mandatée par la ville de Bagnères)

  • d'abord réhabilitation des anciens bureaux de vente, aujourd'hui antenne bagnéraise de l'hôpital de Lannemezan


  • puis installation de la Semadev dans le bâtiment des anciens bureaux administratifs qu'il a été possible de réhabiliter au prix de travaux assez considérables ; les photographies prises avant travaux par l'architecte Pascal Rosalès, chargé de l'opération qui s'est déroulée à partir de 2002, montrent clairement l'état de délabrement assez avancé de l'édifice. Le parti de l'architecte a consisté à sauvegarder et restaurer au maximum l'existant afin de restituer au final un édifice assez proche de l'édifice originel.


  • l'extension en 2004 par construction neuve de la Maison commune Emploi Formation (conçue par les architectes Eric Agro et Jean Louis Caumont), suivie de l'édification du centre des finances publiques en 2008-2009, quittant pour l'occasion ses anciens locaux des Coustous (architecte Aline Woirin) ; l'architecture de ces nouveaux bâtiments s'inspire largement du bâtiment Semadev (gabarit général, forme et matériaux de toiture…) pour former un ensemble cohérent sur le plan esthétique.


Ainsi s'est constitué par phases successives une sorte de « campus administratif », ensemble cohérent de services publics (avec la mairie toute proche) dans un parc paysager. Ce nouvel espace, avec l'articulation Jardin des Vigneaux/parc de l'Hôtel de ville/berges de l'Adour, déploie désormais une sorte de « coulée verte » revalorisant une zone jusque-là délaissée et ouvrant la ville sur un nouveau paysage urbain. Le parc déjà aménagé aux abords de la Maison Commune intègre les vestiges d'activités industrielles encore visibles ( dont le canal d'amenée à l'ancienne turbine qui préside à une véritable mise en scène de l'eau à l'avant de l'édifice) tandis que des blocs de marbre travaillés par les anciens ateliers parsèment le site formant une sorte de jardin de sculptures concourant à cette même mémoire industrielle des lieux ; tout cela constitue l'amorce d'un cheminement plus vaste longeant l'Adour jusqu'à la passerelle du chemin de fer ce qui signerait la reconquête totale du site (cette partie reste encore à aménager à ce jour, 2014).


L'ARSENAL DE TARBES



Plus d'un siècle d'histoire industrielle



Fondé en 1870 à l'initiative du colonel De Reffye à la suite de la guerre franco prussienne, l'Atelier de Constructions de Tarbes termine son parcours au début du XXIème siècle sous le nom de GIAT (Groupement des Industries D'Armements Terrestres) ; après l'arrêt des fabrications, il est vendu par l'Etat et acquis par la ville par un protocole d'achat signé en décembre 2006 pour un achat définitif en juillet 2007 (3,8 millions d'euros). La ville se trouve ainsi à la tête d'un vaste espace d'environ 20ha comprenant 89 000 m2 de bâtiments : c'est la plus importante « friche industrielle » du département.


Quel parti d'aménagement ?



Une importante partie du site, principalement au Nord, hors propriété de la ville, reste le siège d'activités industrielles :
Vallourec (tubes) Sagem (électronique) Ce maintien dans le voisinage immédiat a conduit notamment à écarter la construction d'un habitat résidentiel qui aurait eu du mal à trouver preneur dans un tel environnement. Par ailleurs, la nécessité de dépolluer certaines parcelles a rendu obligatoire des mises en attente de terrains avant leur affectation définitive.
Le concours de deux équipes d'architectes-urbanistes n'a pas non plus débouché sur un plan global d'aménagement qui aurait fixé de manière directive l'organisation et l'affectation de l'espace aménageable.
C'est finalement une démarche plutôt pragmatique qui a été adoptée, tout en s'appuyant sur une idée force fondée sur un constat : la qualité du bâti industriel légué par l'Etat et les autorités militaires appelait un effort particulier pour le préserver et le mettre en valeur ainsi que la trame viaire existante qui devait être réutilisée au mieux.
Dans ce cadre, une partie des bâtiments industriels considérés comme ayant peu de valeur architecturale ont été détruits, pour dégager ceux qui présentaient les qualités architecturales les plus évidentes et représentatives des diverses « strates historiques » du site.


Un nouveau quartier dans la ville


Le premier défi à relever était celui du passage d'un espace clos, véritable enclave dans la ville, à celui d'un « morceau de ville » intégré au tissu urbain avoisinant ; cela a commencé par l'abattage des murs de clôture pour rendre aux tarbais cet espace jusque là soustrait aux regards et par l'établissement de liaisons avec la voirie urbaine existante tout autour.


La trame de circulation interne a ainsi été préservée et articulée sur la voirie urbaine voisine, à l'ouest (route de Vic et rue Kléber), au Nord (Bd Renaudet), au Sud (vers quartier Nelly et Bd du Martinet). Cette trame s'organise désormais selon deux grands axes, Nord-Sud (Avenue des Tilleuls) et Est-Ouest (Avenue des Forges) ; cette dernière, déplacée et redessinée, se présente aujourd'hui comme une nouvelle artère structurante soulignée par l'alignement des façades et aussi par le rythme des trames architecturales qui en renforcent le caractère urbain. A l'extrémité ouest, donnant sur la route de Vic, un projet de place avec jardin à la française viendrait finir de requalifier cet axe désormais pleinement intégré à la circulation générale de la ville.


Un nouveau pôle d'activités à l'échelle de l'agglomération


L'impératif de valorisation du patrimoine architectural a conduit à envisager l'installation de trois types d'activités pouvant se loger dans ce bâti d'origine essentiellement industrielle :
  • des entreprises de type artisanal ou PME dans des ateliers rapidement rénovés et facilement reconvertibles en entrepôts ou magasins.


  • des services publics sont venus s'installer pour leur part dans des bâtiments à caractère plus patrimonial :
    Les Archives Municipales et les réserves du Musée Masseyle 103 ») se sont ainsi installées dans l'ancien magasin à tabac de 1869 ; c'est en fait un édifice qui préexistait au site industriel, construit à l'initiative d'Achille Fould pour encourager la culture du tabac dans le département et situé à proximité des voies du chemin de fer du Midi et de la route impériale Bordeaux-Campan. C'est là que sont accueillies les premières fabrications de l'Arsenal dès 1870 en attendant la construction des premiers ateliers dans les années qui suivent. Il présente d'ailleurs un aspect plutôt monumental et un style de construction différent des autres bâtiments édifiés sous l'égide des autorités militaires. Restructuré intérieurement et réhabilité avec soin à l'extérieur par l'agence parisienne Dubois Mazaud, il ouvre à l'automne 2009, premier bâtiment à trouver une nouvelle affectation et donnant le coup d'envoi de la reconversion générale du site.


Le100
En face de lui, de l'autre côté de l'Avenue des Forges, l'ancien bâtiment administratif n° 100 devient la maison des associations ; sa rénovation restitue les qualités esthétiques simples d'une bâtisse de style caserne haussmannienne ou IIIème République que l'on retrouve à de nombreux exemplaires dans les casernes édifiées à la même époque à Tarbes (quartier Reffye, quartier Soult)


Le dernier né de ces services publics, la Maison pour l'emploi et la formation, résulte d'un programme assez ambitieux réunissant sous un même toit une douzaine d'antennes administratives ou des services plus ou moins dispersés jusque là, sous maîtrise d'ouvrage de l'agglomération du Grand Tarbes ; sa réalisation a été confiée à l'Atelier d'architecture de Joris Ducastaing (PC en 2011, livraison en 2014).

L'ensemble comprend une aile entièrement neuve réunie à deux anciens ateliers qui ont été complètement restructurés pour loger bureaux et services d'accueil ; le chantier a démarré par une importante opération de dépollution/désamiantage et de déconstruction sélective. L'aile neuve et l'ancien bâtiment 378 bardé désormais de son isolation extérieure ont été réunis par une sorte de patio couvert ou galerie de desserte intérieure dont la couverture translucide (constituée d'un matériau appelé ETSE) permet à la lumière du jour de pénétrer largement ; pour le troisième bâtiment, l'architecte a choisi de conserver son ossature de fonte et fer comme un élément de la mémoire industrielle du lieu, bien visible et mise en valeur, se contentant de glisser à l'intérieur de cette structure une sorte de « boîte » où sont installés les bureaux.


  • Les activités culturelles et de loisirsse sont elles installées à proximité du point stratégique du nouvel Arsenal, à savoir le carrefour central et ses vastes parkings.

De part et d'autre de l'Avenue des Forges, deux bâtiments quasiment contemporains (1916-17) mais présentant des procédés constructifs très différents ont fait l'objet de profondes transformations :
Le plus spectaculaire est sans doute le complexe cinématographique Méga CGR installé dans l'ancien atelier 119, constitué de deux nefs juxtaposées en béton armé couvertes d'une belle voûte surbaissée type précontraint Freyssinet ; à l'intérieur ont été logées 11 salles de projection plus un vaste hall d'accueil où a été conservé un pont-roulant, témoin de l'ancienne activité industrielle.


Le 117 qui lui fait face a été transformé par l'atelier d'architecture Ducastaing en complexe de loisirs (dont un bowling, un restaurant, une cafétéria) ; son ossature porteuse métallique a été bien mise en valeur ainsi que les façades en maçonnerie, plus classiques, dans le respect des matériaux d'origine.


Non loin de là, le bâtiment 112, un des plus anciens du site (1874) a reçu pour sa part la salle de spectacles appelée « le Chaudron » sans modification notable de son aspect extérieur.


Enfin, très prochainement, le spectaculaire bâtiment 313 aux vastes nefs sous ossature métallique datant des années 30, abritera un complexe sportif « indoor ».


A l'issue de ces travaux, plusieurs grands bâtiments restent à ce jour sans affectation précise : le 116 constitué d'une série d'ateliers couverts par des sheds et présentant à l'intérieur une belle structure métallique modulaire, le 312 et surtout le 111, ancienne fonderie à canons , imposant par sa longueur et qui pourrait très facilement devenir un beau lieu d'expositions (presque 4000 m2 de surface couverte : certains ont évoqué la possibilité d'y installer les nouvelles archives départementales toujours en projet…)


Face à lui se dresse le seul édifice d'esthétique résolument contemporaine construit sur le site à ce jour, le Nex Hôtel.


LA TUILERIE OUSTAU, AUREILHAN



Un joyau de l'architecture industrielle



L'usine, progressivement construite à partir de la fondation de l'entreprise par Laurence Oustau en 1873, comporte plusieurs éléments distincts : « l'usine rouge », principal bâtiment de l'ensemble, reçoit une magnifique façade au décor de briques vernissées polychromes qui sera un facteur décisif de son inscription à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1994 ; malgré un effort de modernisation de ses fours en 1957 par l'utilisation du gaz de Lacq, elle arrête ses fabrications de tuiles et briques en 1970.


Ces mêmes fours (de type Hoffmann) sont eux aussi l'objet d'une protection particulière car les seuls en France subsistant dans leur intégralité.

« l'usine blanche », construite en 1887, spécialisée dans la fabrication de pavés de grès blancs et rouges, a fermé dès 1947 pour être partiellement réoccupée par une fabrique de poutres de béton de 1964 à 1975 ; sa façade à décor est elle aussi protégée.


Derniers éléments protégés : les fours de la poterie située au sud ouest de l'usine et encore dominés par une belle cheminée en briques.


Un site en devenir



Au début des années 1990, toute activité industrielle ou commerciale cesse sur le site qui reste propriété des héritiers de la famille Oustau ; c'est à ce moment -1992- que la villa voisine, elle-même classée Monument Historique, est acquise par la ville d'Aureilhan pour devenir espace culturel municipal.

Une vaste emprise de 2 ha aux portes de Tarbes pouvait susciter des convoitises immobilières mais les mesures de protection rendent tout aménagement délicat et coûteux ; en effet, l'état actuel du bâti suppose une réhabilitation d'envergure quel que soit le programme envisagé…d'où sans doute l'absence de projet ferme depuis plus de 20 ans désormais !

La puissance publique (en l'occurrence les collectivités territoriales) peut-elle intervenir, racheter le site et procéder à un réaménagement ? Certains ont évoqué l'idée d'une installation d'un musée des traditions et arts populaires dans l'usine rouge couplée à la construction de nouvelles archives départementales dans la partie nord de la parcelle…

C'est dans ce contexte qu'un concours d'idées a été lancé auprès des apprentis architectes de l'Ecole nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse (ENSAT) en 2011 ; dans le cadre de leurs projets de fin d'études, plusieurs équipes ont travaillé sur le devenir du site. Cela a donné lieu à une exposition in situ à l'occasion des Journées du Patrimoine du 14 au 21 septembre 2013. Chacun des projets devait intégrer une question-clé, celle du financement susceptible d'assurer la rentabilité financière des opérations envisagées : voilà pourquoi tous devaient prévoir qu'une partie du terrain serait allouée à un projet immobilier résidentiel permettant de financer la reconversion des ateliers industriels. Parmi la demi douzaine de projets présentés, nous en avons choisi deux, pour leur originalité et leur effort pour lier le bâti industriel ancien à leur intervention contemporaine : tous les deux intègrent aussi la dimension historique ou mémorielle de lieux consacrés pendant un siècle au travail industriel ou artisanal.

  • La Maison des Compagnons du devoir du Tour de France, projet de Christophe Chastain (enseignant, Ch Darles)


  • Les ateliers céramique, projet de Mathieu Bonilla, « un centre de création de céramique d'art », qui s'inscrit directement dans l'histoire même du site tout en établissant un lien possible avec l'actuelle Ecole Supérieure d'Art des Pyrénées Pau-Tarbes récemment créée.


remodelages periurbains



BARBAZAN DEBAT : REQUALIFICATION DU CŒUR DE VILLAGE



Pourquoi ?
Ancien village proche de Tarbes, Barbazan-Debat a connu le sort de beaucoup de communes affectées par la croissance démographique de l'agglomération de Tarbes au cours des années 60-80 : gagnée par une vague de constructions pavillonnaires par juxtaposition de lotissements successifs, elle a perdu rapidement son identité de village pour devenir un morceau de banlieue sans véritable structuration.

Un centre commercial aménagé entre église et mairie il y a une vingtaine d'années n'a guère contribué jusqu'ici à animer un cœur de village à la vie sociale un peu anémiée.


La requalification du cœur de village veut donc remédier à cette situation ; elle a été confiée au GCAU de Tarbes dont l'architecte Jean Paul Pagnoux, maître d'œuvre de l'opération a présenté un projet en 2012. Ce projet, en cours d'exécution à ce jour, doit s'achever en 2015 en principe.

L'opération s'appuie sur un diagnostic rigoureux faisant l'état des lieux et mettant en lumière à la fois les point faibles de l'espace considéré et les éléments architecturaux ou paysagers sur lesquels s'appuyer ; les mots employés par l'architecte dans l'avant-projet pour décrire l'intervention proposée explicitent très clairement le contenu de l'opération…car il s'agit d'une opération presqu'au sens clinique du terme pour soigner un espace à vivifier.


Les grandes lignes du projet et les premiers résultats :

« la composition urbaine se restructure selon un maillage orthogonal orienté Nord Sud qui conforte l'existant. »


« de nouvelles constructions se positionnent aux intersections de la trame, facilitant le repérage, ponctuant les cheminements, valorisant les parcours : grande halle, fontaine, préaux, gloriette, buvette, four à pain, pergola, sculpture » ; certaines fonctionnent un peu comme les « folies », ces fantaisies architecturales à caractère pittoresque qui ponctuaient les grands parcs du XVIIIème ou XIXème siècle (on peut rapprocher ce dispositif de celui adopté, à une autre échelle, par Bernard Tschumi dans le Parc de La Villette à Paris)

La plantation de nombreux arbres à feuilles caduques (platanes, liquidambars…) venant s'ajouter à ceux déjà existants, contribue à renforcer les raccords visuels et les cheminements entre les constructions ainsi que les alignements et la trame orthogonale.


Un autre fil conducteur ou thème d'inspiration récurrent est constitué par la présence d'anciennes carrières d'argile, aujourd'hui désaffectées, qui alimentaient la tuilerie Oustau d'Aureilhan ;l'architecte a voulu ainsi restituer une mémoire industrielle des lieux, présente en divers points clés du dispositif général « inscrite dans un carré de 15x15m, la grande halle occupe le cœur de la place centrale (Place de l'Europe). Elle remplit toutes les fonctions d'une halle : marché hebdomadaire, fêtes et manifestations diverses…ses piliers en maçonnerie d'agglomérés couleur, ponctués de listels de terre cuite rappellent les produits que fabriquait la briqueterie Oustau avec l'argile des coteaux ».


« une fontaine de terre à la façon d'un abreuvoir, rappelle que les chevaux de trait qui transportaient l'argile dans les tombereaux avaient besoin de se désaltérer. Placée dans l'axe principal nord sud, elle reçoit sur sa colonne centrale quatre mascarons de bronze ».


Dans l'axe nord sud initié par la halle et la fontaine, l'allée des boulistes est ponctuée par un petit préau de même nature que la halle et une petite gloriette pouvant faire office de buvette. A la croisée des chemins, celle-ci renvoie par une allée à la cour de la bibliothèque et à la pergola (la bibliothèque est installée dans un bâtiment ancien réhabilité).


Les abords de l'école sont transformés : un préau devient l'entrée principale, le canal adjacent est aménagé pour permettre d'augmenter le stationnement automobile, tandis qu'une pergola au Sud, couverte de glycines et plantes grimpantes est censée accueillir un ou deux wagonnets évoquant l'exploitation des carrières d'argile d'antan.


Au sud, tout proche de la mairie, était prévue une pièce d'eau alimentée par deux canaux, équipée d'une gloriette centrale et de pontons de bois ; elle aurait reçu sur l'une de ses rives une sorte de sculpture-dragon, crachant l'eau à l'instar des dispositifs d'arrosage du maïs de la plaine de l'Adour, constituée de matériaux de récupération des carrières (outillage en bois en particulier)…cette partie du projet semble aujourd'hui compromise sinon abandonnée.


La dernière phase de réalisation concerne la petite place adjacente (place d'Autol) qui va être réhabilitée et recevra un four à pain. C'est dans le cadre de ce remodelage général que la restructuration de la mairie et de son parvis, déjà évoquée précédemment (voir chapitre premier du présent volet) prend tout son sens ; retrouvant un aspect quelque peu monumental, elle vient en effet ponctuer ce nouveau cœur de village et le clore par le sud.


ANDREST, REMODELAGE DU CENTRE DU VILLAGE



Le village d'Andrest, situé à mi-chemin entre Tarbes et Vic-Bigorre, bien qu'ayant conservé un aspect plutôt rural, s'est peu à peu transformé en espace d'habitat péri urbain, sans véritable centre identifiable;quelques rares commerces et services, spatialement dispersés avaient du mal à survivre dans ce contexte.

La commune a donc décidé de créer un centre plus attractif entre le village ancien et la Route départementale 935 qui traverse le village du Sud au Nord et en constitue la colonne vertébrale.


Le coup d'envoi de ce remodelage fut la construction de la nouvelle école en 2007 dessinée par le cabinet Thal Archi de Pau (Paul Canet et Nathalie Torrejon) ; une première tranche de 3 classes a été réalisée, une extension de 2 classes est prévue sur une parcelle adjacente au Nord ce qui permettrait le regroupement de l'ensemble des écoles de la petite enfance et du primaire (actuellement logée à côté de la mairie) dans un même ensemble.


La 2ème phase a consisté en la construction d'un centre multiservices et une médiathèque, ouverts en 2014 ;la communauté de communes Vic-Montaner étant maître d'ouvrage, c'est l'architecte Bernard Malé installé à Maubourguet qui a été choisi alors que la commune aurait souhaité réaliser le projet du même cabinet palois que celui de l'école pour en conserver le même style.


La 3ème phase prévue concernerait la salle des fêtes et le garage des pompiers à restructurer ou reconstruire.

Cette opération ainsi que l'extension de l'école était couplée au projet d'aménagement de la Place des Pyrénées, non loin de là au sud, où l'ancienne école maternelle a été vendue à un particulier qui l'a transformée en villa ; la vente de parcelles en vue d'y construire des logements semi collectifs aurait permis le financement de ces travaux. En l'absence d'acquéreur, le projet est actuellement bloqué.

Ajoutons enfin qu'une vaste parcelle située au nord de l'école peut permettre d'édifier une résidence médicalisée pour personnes âgées qui viendrait « étoffer » encore ce nouveau coeur de village.
L'Architecture du XX siècle en Hautes-Pyrénées
VOLET N°2 : MARIER L'ANCIEN ET LE NOUVEAU
REMODELAGES URBAINS
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Introduction
« friches industrielles » et « recyclage urbain »
Developpement
La reconversion des anciens sites industriels
Galerie d'images
Travail de recherche
Maurice MORGA - Professeur retraité
Conception multimédia
Florent Lafabrie - CANOPE des Hautes-Pyrénées