Le milieu du 19ème siècle correspond au maximum démographique des campagnes: jamais dans notre pays et notre région en particulier les villages n'ont été autant peuplés tandis que les églises paroissiales, anciennes et pour la plupart en mauvais état faute d'entretien sont devenues obsolètes, trop petites pour accueillir des fidèles nombreux et pratiquants. Il faut donc les agrandir ou les reconstruire et les débats au sein des municipalités pour financer les travaux remplissent largement la chronique des délibérations municipales. C'est ainsi que plus d'une cinquantaine de nouvelles églises sortent de terre dans le diocèse de Tarbes selon le dénombrement effectué par Jean Baptiste Laffon et ses contributeurs dans l'ouvrage «histoire du diocèse de Tarbes-Lourdes»; sans compter toutes celles qui se contentent d'une simple extension ou restructuration. C'est à ce moment-là que de nombreuses églises remplacent leur traditionnel et multiséculaire mur-clocher par un clocher porche d'inspiration néo romane ou néo gothique à l'entrée de l'édifice.

Un point particulier concerne le sort des abbayes dont on sait qu'elles ont souvent connu un destin fatal après la Révolution:la plupart du temps vendues comme Bien National à partir de 1789-90 et achetées par de riches propriétaires fonciers, elles ont souvent servi de bâtiments d'exploitation agricole ou servi de carrière de matériaux de construction: c'est le cas de St Sever de Rustan dont on sait que le cloître n'a pu être sauvé fin 19ème que grâce au rachat par la ville de Tarbes pour être installé au jardin Massey; nous pensons aussi à l'église conventuelle des Carmes à Tarbes qui faillit disparaître au cours de la période qui nous intéresse ici : fondée au XIIIème siècle, elle fut elle aussi vendue comme Bien National puis devint casernement et magasin à fourrage pour l'armée ce qui faillit causer sa perte définitive; l'armée voulait en effet ouvrir une nouvelle entrée en 1838, le mur de l'église s'écroula...elle est alors reconstruite de 1842 à 1845 et rendue au culte, prenant l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui (elle a conservé son clocher du XVème, rénové dans les années 2000).

Dans les villes, même si leur croissance démographique est encore limitée à cette époque, certains quartiers voient la création de nouvelles paroisses accompagnée de nouveaux édifices cultuels; c'est le cas de l'église Ste Anne à Tarbes et surtout St Antoine dans le quartier de l'Arsenal (1896, dans le cadre de la reconquête pastorale du milieu ouvrier). Comme dans les villages, les églises paroissiales existantes s'agrandissent (Vic Bigorre par ex) ou sont reconstruites après démolition (église du Sacré-Coeur de Lourdes, à partir de 1875).

l'âge d'or des styles néo médiévaux


Nous sommes en effet au moment où triomphe dans l'enseignement et la pratique architecturale la doctrine de l'éclectisme historiciste, recherche dans l'architecture religieuse d'un renouvellement inspiré par le supposé âge d'or de l'architecture médiévale du XIème au XIIIème siècle (roman et gothique); outre l'influence de l'enseignement de l'école des Beaux Arts, cela peut s'expliquer en partie par l'influence du romantisme qui a contribué à réhabiliter le Moyen Age, du moins dans une version quelque peu mythifiée. Il faut parler aussi de l'impact nouveau de la redécouverte des richesses patrimoniales de la France grâce au remarquable travail d'inventaire des édifices religieux mené par la toute nouvelle administration des Monuments Historiques dirigée par Prosper Mérimée; ce dernier a très vite confié la responsabilité de la sauvegarde et la restauration des édifices religieux au jeune architecte Eugène Viollet-Le-Duc dont l'influence sera déterminante dans la nouvelle doctrine en matière d'architecture religieuse. C'est ainsi un des ses disciples, Hippolyte Duran qui sera l'auteur, dans un style délibérément néogothique, de la première basilique de Lourdes dite de l'Immaculée Conception juste au-dessus de la grotte de Massabielle (1862-71).

Outre cet élan qu'on pourrait qualifier de «primitiviste» dans ce retour aux formes et styles fondateurs de l'architecture religieuse dans notre pays, on peut évoquer également un mouvement «d'appropriation nationale»qui accompagne la montée en puissance du sentiment national et patriotique, (mouvement général en Europe dans cette période) qui porte à puiser dans le répertoire des formes réputées «nationales» comme source d'inspiration plutôt que dans celui d'héritages perçus comme moins «gallicans»;cela expliquerait l'usage relativement marginal du style «gréco-byzantin» dans notre pays (seul exemple local, la basilique du Rosaire à Lourdes de Léopold Hardy) à l'exception notable de l'oeuvre remarquable de Paul Abadie (voir en Quercy-Périgord-Charente: St Etienne de Cahors, St Front de Périgueux, St Pierre d'Angoulême et bien sûr le Sacré Coeur de Paris) et quelques autres exemples isolés (Notre Dame de La Garde et la cathédrale La Major à Marseille).


Le Néoroman

les réalisations de Jean Jacques Latour


Le grand architecte local est à ce moment Jean Jacques Latour, formé aux Beaux Arts de Paris de 1837 à 1841, qui s'établit à Tarbes en 1842;ses réalisations révèlent précisément un côté « éclectique » avant son heure (l'éclectisme devenant une véritable doctrine officielle plutôt sous le Second Empire) car il passe avec bonheur du néoroman (qui nous intéresse ici) au néogothique (Chapelle des Carmes à Bagnères), tandis que le musée et la tour Massey révèlent une inspiration à la fois italianisante et orientaliste; la nouvelle halle qu'il construit à Vic-Bigorre en 1860 le montre utiliser habilement les nouveaux matériaux de l'ère industrielle, fonte des colonnes porteuses, profilés de fer pour la charpente métallique. Par ailleurs, d'autres commandes, comme les mairies de Maubourguet et de Castelnau-Magnoac, il est vrai réalisées plus tôt dans sa carrière, autour des années 1850,montrent qu'il ne tourne pas le dos à la composition classique «à la française». A la lumière de son œuvre dans le domaine religieux, il semble toutefois que le néoroman ou le «goût roman» ait été son style de prédilection, comme le montrent les trois réalisations retenues ici; on remarquera en outre à leur sujet le brio avec lequel la brique est utilisée à la fois comme matériau constructif et élément de décoration.

Chronologiquement, la première de ces réalisations semble être la Chapelle des Dominicaines (ou chapelle du Saint nom de Jésus) à Tarbes (actuelle rue Clémenceau), qui aurait été édifiée en 1845-47 avant une première restauration/restructuration en 1863; c'est à cette date que la décoration intérieure aurait été peinte mais refaite en 1924 par le peintre et verrier toulousain Gesta. Elle présente une façade sur rue tout à fait remarquable constituée d'un spectaculaire mur-pignon surmonté d'un clocheton où s'exprime l'art de Latour pour le jeu des matières, textures et couleurs des divers matériaux mis en œuvre (ici brique rouge et pierre de taille calcaire type «Angoulême»); à l'arrière de l'abside, le chevet présente aussi une élégante décoration de brique.


La commune d'Ossun, alors peuplée de près de 4000 hts fait appel à JJ Latour dès 1843 en vue d'agrandir l'ancienne église St Blaise désormais insuffisante malgré une extension au début du XVIIIème siècle;rapidement, le parti de l'agrandissement est abandonné au profit d'un projet de reconstruction totale dont les premiers plans sont établis dès 1853, mais ce n'est qu'en 1861 que le projet définitif est adopté. Les travaux se déroulent jusqu'en 1871-72, le clocher n'étant érigé qu'à partir de 1867.

Il s'agit d'un édifice considérable, à la hauteur de la prospérité du bourg qui vit alors son apogée économique et démographique ; les dimensions de la nef (hauteur de la voûte 15m, hauteur sous faîtage 21,70m), le spectaculaire clocher(48m avec sa flèche) visible des km à la ronde, le choix de la brique pour l'originale façade avec ses deux tourelles encadrant le porche monumental (peut-être une référence aux églises fortifiées de Thiérache?), autant d'éléments qui donnent à cette église un caractère plutôt exceptionnel par comparaison avec les églises paroissiales de cette époque.


L'intérieur, par son plan basilical avec ses bas-côtés, ses élévations latérales avec triforium et tribunes, sa voûte d'arêtes et arcs doubleaux, son décor peint (réalisé par le peintre tarbais Darré en 1896) révèlent un modèle proche des grandes basiliques de l'âge d'or roman (St Sernin de Toulouse par exemple?).


église de Pujo


Erigée en 1864-65 sur des plans datés de 1862, cette église présente elle aussi un plan de type basilical (une nef centrale flanquée de deux bas-côtés symétriques) ainsi qu'une façade à mur-pignon et rosace qui la rapproche, nous semble-t-il,des grandes églises romanes d'Italie (Assise, San Zeno de Vérone par ex), impression confirmée par l'usage d'une frise lombarde très marquée à la fois en façade et au sommet des murs gouttereaux; on remarque ici aussi le mariage élégant de la brique et de la pierre calcaire dans l'animation générale des diverses parties de l'édifice. Les travaux d'achèvement de l'intérieur de l'église se dérouleront en 1878 sous la direction de l'architecte Larrieu remplaçant Latour décédé en 1868, le sculpteur tarbais Henri Nelli livrant pour sa part à la même date fonds baptismaux et maître-autel (marbre blanc d'Italie).


autres réalisations dans le «goût roman»


A côté des oeuvres signées JJ Latour, notre département offre également un échantillonnage significatif d'églises ou chapelles dont l'édification s'étire tout au long du demi siècle jusqu'aux premières années du XXème pour les plus tardives.

Luz St Sauveur,chapelle Solférino


Elle est directement issue de la volonté de l'empereur Napoléon III qui découvre le site, sur une butte au-dessus de Luz, au cours d'une promenade, et émet le souhait de rebâtir la chapelle en ruine (ermitage des chevaliers de Malte, XIIème siècle) et d'ériger en outre une stèle en souvenir des morts de la bataille de Solférino (Italie du Nord,1859). Elle est l'oeuvre d'Emile Boeswildwald, architecte considérable, inspecteur Général des Monuments Historiques en 1860 (succédant à Prosper Mérimée), attaché à la famille impériale (il construit par ex la chapelle Ste Eugénie à Biarritz).

Il nous livre une chapelle d'aspect assez rustique dans l'esprit des sobres églises du pays Toy, où l'on observe en outre une inspiration quelque peu catalane dans le clocher-porche qui se dresse à l'ouest ; certains éléments-clé de la modénature (angles, frise lombarde, arcatures en plein cintre) sont soulignés par une belle pierre de taille pyrénéenne ; ceci, ajouté à sa position sur la butte, confère à cet édifice de dimensions modestes une forte présence sur le site.


Labarthe de Neste


Quasi contemporaine de l'exemple précédent, la nouvelle église paroissiale de Labarthe de Neste est édifiée après démolition de l'ancienne, entre1862 et 1864, sur des plans de l'architecte Monferran établis en 1858.

La nef est voûtée d'arêtes et arcs doubleaux sur 4 travées supportées par des piliers carrés habillés de pierre grise des Pyrénées; les vitraux, comme dans beaucoup d'églises de la région sont signés Victor Gesta, peintre-verrier toulousain. L'édifice, de dimensions modestes et à la décoration très sobre est toutefois souligné dans son site par un élégant clocher tripartite qui lui donne un bel élan vertical.


église du Sacré-Coeur, Lourdes


Une quinzaine d'années après les apparitions à Bernadette Soubirous, la ville de Lourdes, à l'instigation du Curé Peyramale, se dote d'une nouvelle église paroissiale capable d'accueillir une population plus nombreuse, mais surtout qui s'inscrive davantage dans le parcours urbain du culte marial, les pèlerins étant censés partir en procession du lieu où la jeune bergère fut baptisée jusqu'à la grotte de Massabielle;mais le chantier à épisodes s'étirera sur plus d'un demi siècle.

La première pierre est posée en 1875, l'architecte retenu étant Delebarre du Bay; ce chantier s'arrête 2 ans plus tard pour n'être repris que 20 ans après (1896) sous la direction de l'architecte municipal Jean Marie Lacrampe. Elle sera inaugurée en 1903 sans être totalement achevée: le clocher porche ne sera érigé qu'en 1931-36. Entre-temps, l'ancienne église St Pierre est démolie (emplacement actuel de l'Office de tourisme).

Néanmoins, dans ses grandes lignes, l'édifice reflète le goût néoroman affirmé dans les plans d'origine et reconduit jusqu'à la toute fin du chantier: il adopte un plan en croix latine avec transept et bas-côtés et des dimensions respectables qui répondent au programme défini par le curé Peyramale (nef de 56m de long, hauteur de voûte de 21,50m, largeur totale de 26m). Ces dimensions sont particulièrement évidentes lorsqu'on observe l'édifice par son chevet à l'arrière ou bien depuis le château fort qui domine la vieille ville d'où l'on perçoit le mieux l'élan vertical du clocher (65m à la flèche).


La nef est scandée par 14 remarquables colonnes monolithes en marbre rubané de Campan, surmontées de chapiteaux sculptés dans la pierre calcaire; 7 travées sont ainsi définies, chacune s'ouvrant dans son élévation par un triforium sur les tribunes latérales disposées au-dessus des bas-côtés. Les vitraux sont d'esprit très contemporain:mis en place en 2 phases successivement dans les années 60 puis 80, oeuvre de Gabriel Loire et son fils Jacques, maîtres-verriers à Chartres,ils présentent des motifs non figuratifs.


Guchen,chapelle de l'hospice St Jean Baptiste


Jean Guillaume Rolland, émigré en Espagne, devenu banquier à Madrid et fortune faite dans la gestion des biens des Jésuites, crée un fondation et bâtit dans son village natal un établissement de bienfaisance dont les plans sont établis par l'architecte Laborde (ou Lasbordes) en 1883. A partir de la ferme existante de l'Artet, les constructions (hospice pour vieillards et orphelinat) s'échelonnent jusqu'en 1906 date à laquelle,semble-t-il (ou en 1904) une chapelle vient s'accoler à l'arrière du bâtiment principal (qui deviendra plus tard sanatorium puis colonie de vacances).


Cette chapelle adopte un style néoroman sensible à la fois dans son plan général avec son abside semi circulaire et dans son décor intérieur; on notera, courant sur l'ensemble des parois intérieures, une dédicace en latin destinée à célébrer la mémoire de l'oeuvre philanthropique du fondateur.


église de Loures-Barousse


Pour conclure cette série, nous citerons le cas de la nouvelle église de Loures-Barousse, autre exemple de néo roman tardif puisque édifiée à partir de 1902 ; les plans en ont été établis par l'architecte toulousain Jacques Lacassin, membre du Conseil des Bâtiments Civils et par ailleurs Inspecteur des édifices diocésains de Toulouse.

LE NEO GOTHIQUE



l'empreinte d'Hippolyte Duran (1801-1882)



Cet important architecte, parisien d'origine et formé aux Beaux Arts auprès de Vaudoyer et Lebas, s'est spécialisé dès les années 1830 dans l'architecture religieuse de style médiéval, tournant délibérément le dos au style néo classique plutôt dominant dans ces premières décennies du 19ème;devenu diocésain à Bayonne (il y restaure la cathédrale Ste Marie) puis à Auch et Tarbes vers 1850, il laisse dans notre région d'importantes réalisations comme le Grand Séminaire de Tarbes (aujourd'hui lycée Jean Dupuy), la chapelle du Petit Séminaire de St Pé (néoroman), l'imposante et remarquable église de Plaisance du Gers en pur style gothique. Ce dernier devient son style de prédilection qui s'applique à un certain nombre de commandes dans le diocèse de Tarbes, dont deux réalisations proches géographiquement et aussi dans leur conception que nous présentons ci-dessous: la basilique de l'Immaculée Conception à Lourdes et l'église paroissiale d'Adé.

Il faut dire que Duran s'est fait connaître dès le Salon de 1845 par ses projets-types de constructions religieuses en style ogival du XIIIème siècle; selon ses propres mots, «ces projets sont étudiés pour satisfaire aux besoins religieux des populations classées selon les 4 divisions de l'administration départementale»(à savoir:
département/arrondissement/canton/commune). Outre les considérations proprement architecturales, cette classification propose une échelle de devis adaptée à chaque catégorie en fonction du nombre d'habitants. On voit donc s'esquisser, en ce milieu du 19ème une sorte de «standardisation» dans la conception et la construction d'édifices religieux propre à en limiter le coût en cette période d'énormes besoins de reconstructions à la charge des communes; Eugène Viollet-Le-Duc, inspecteur général des édifices diocésains reprendra cette idée en essayant de la systématiser par diverses circulaires (notamment en 1853) adressées aux architectes diocésains.Cette systématisation générale n'ira pas à son terme, rencontrant des résistances au sein même des diocésains,mais, néanmoins, on assistera à une diffusion massive de modèles d'un néogothique que l'on pourrait qualifier, à la suite de François Loyer (Histoire de l'architecture française de la Révolution à nos jours) de gothique «administratif» tant il est issu de considérations réglementaires et financières plutôt que de choix esthétiques exercés en toute liberté par les paroissiens et leurs fabriques: dès 1848, l'architecture religieuse est placée sous la coupe de la Commision des Edifices Religieux bientôt relayée par le Comité des Inspecteurs Généraux des Edifices Diocésains).

Il est donc particulièrement intéressant d'observer ces deux sanctuaires qu'Hippolyte Duran réalise quasi simultanément dans les années 1860, en tant qu'architecte diocésain de Tarbes.

La basilique de l'Immaculée Conception



a presque valeur de manifeste en ce haut lieu du catholicisme conquérant qu'est devenu le site de pèlerinages de Lourdes à partir des années 1860; sa construction est précédée par celle de la crypte juste au-dessus de la grotte de Massabielle (les travaux ont démarré en 1862 et elle est inaugurée le 19 mai 1866, l'année même de l'arrivée du chemin de fer). Dans ce sanctuaire d'une capacité limitée (150 personnes), l'architecte recrée avec brio l'atmosphère propice au recueillement que l'on trouve précisément dans les cryptes anciennes médiévales, généralement situées sous le chevet des grands sanctuaires de pèlerinage.


La basilique elle-même, dite aussi «basilique supérieure», a pour sa part été édifiée dans les années qui suivent, de1866 à 1871, devenant officiellement «basilique» en 1874.Par ses dimensions (longueur 51m,largeur21m,hauteur nef 19m, capacité 700 personnes) et son système constructif ogival elle se rapproche des grandes cathédrales caractéristiques de l'âge d'or du gothique au XIIIème siècle. En outre, sa position au sommet du rocher de Massabielle qui a dù être aplani pour sa construction, lui confère une visibilité exceptionnelle qui s'ajoute à ses dimensions.


Son espace intérieur tourne le dos à l'éclaircissement des sanctuaires que préconisait l'Ecole néo classique au XVIIIème (voir St Sulpice et Ste Geneviève/Panthéon à Paris) pour générer au contraire une atmosphère quelque peu mystérieuse où la lumière extérieure est diffusée avec parcimonie par des percements plutôt étroits munis de vitraux eux-mêmes peu translucides (posés en 1877-78); dans l'esprit de Duran, lui-même fervent catholique, il est probable que ce «clair-obscur» ainsi obtenu était propice à l'esprit mystique qui accompagne la renaissance des cultes mariaux au milieu du 19ème siècle.


Eglise paroissiale d'Adé



Sa construction est quasi contemporaine de la basilique de Lourdes puisque Duran reprend un premier projet de l'architecte Louis en 1864, l'adjudication se faisant en 1866 et les travaux se poursuivant au moins jusqu'en1874; un contentieux architecte/commune pour dépassement de devis amène celle-ci à dessaisir Duran et confier la fin des travaux à Dausset de Tarbes.

Il faut dire que cette église est une réalisation plutôt imposante, juchée sur la terrasse qui domine le village, et de dimensions respectables: 30m de long, plus de 16m de large avec ses bas-côtés, un clocher-porche à tourelles de 34m de haut. La pierre de parement dite de Lourdes utilisée à la place de la pierre calcaire d'Angoulême prévue dans le cahier des charges initial, l'inscrit clairement dans la filiation du sanctuaire lourdais.
Si cet édifice ne manque pas d'être spectaculaire par sa position, il nous semble néanmoins être assez représentatif de ce néogothique «administratif» que nous évoquions plus haut, modèle qui se diffusera à travers plusieurs dizaines d'exemples plus ou moins semblables à travers le diocèse de Tarbes.


En effet, au prix de quelques variations en matière de matériaux (tantôt pierre de Lourdes ou pierre d'Angoulême, ou brique foraine en chainages d'angle, ou pour revêtir les contreforts par exemple), en nombre de travées et de hauteur de la nef, on retrouve un peu partout le même modèle y compris dans les stations thermales comme St Sauveur ou Cauterets :
  • clocher-porche à l'avant, généralement tourné vers l'ouest.
  • la nef dont le choeur est orienté à l'est comporte 4 à 6 travées, est accompagnée parfois de bas-côtés ou de chapelles latérales.
  • souvent, des contreforts viennent rythmer les murs latéraux.

Nous avons sélectionné ici quelques exemples pour illustrer ce point: Laloubère (JJ Latour,1853-68),Bordes (archi Louit,1863,puis Latour,1864 et Duran,1868), Larroque-Magnoac, Sombrun, Barbazan-Debat (Dausset,1873-76).


Eglise paroissiale de Bordères-sur-Echez



C'est une des dernières édifiée dans ce style néogothique puisque terminée seulement au début du XXème siècle. La vieille chapelle étant là aussi devenue trop petite, les borderais décidèrent de construire une nouvelle église sur un emplacement central;les projets se succédèrent à partir de 1854 jusqu'au concours de 1891 qui désigna comme lauréat l'architecte Molia; les travaux s'étalent de 1898 à 1905, tandis que l'ancienne chapelle entourée de son cimetière sera démolie en 1912.
«L'ensemble de l'édifice (est) conçu dans le style ogival de la première moitié du XIIIème siècle»selon les termes même du maître d'oeuvre dans sa présentation du projet; les plans conservés aux Archives Départementales montrent parfaitement ce parti esthétique qui s'est conservé sans altération particulière jusqu'à ce jour.


LE STYLE ROMANO BYZANTIN


La basilique du Rosaire à Lourdes



Elle est construite 10 ans à peine après la 1ère basilique d'Hippolyte Duran pour accueillir plus de fidèles (capacité 1500 personnes) et vient donc logiquement se loger à l'avant et à l'aplomb de la précédente, au bout de la nouvelle esplanade de 400m de long qui s'ouvre devant le Boulevard de la Grotte et le nouveau pont St Michel sur le Gave(1878); la 1ère pierre en est posée le 16 juillet 1883, elle est inaugurée et bénite le 7 Août 1889. Son concepteur est l'architecte parisien Léopold Hardy qui s'est fait connaître notamment en tant qu'architecte en chef des expositions universelles de Paris de 1867 et 1878 où il réalise le palais du Champ de Mars.
Le parti romano byzantin se manifeste d'abord par le choix d'un plan en forme de croix grecque, nef et transept étant quasiment de la même longueur; à la croisée s'élève une coupole de 22m de haut décorée de mosaïques;ce type de décor renvoie bien sûr aux exemples de l'Orient ancien tels que St Sophie de Constantinople ou médiévaux comme St Marc de Venise.Plus près de l'époque de leur réalisation ( 1894 à 1907,par Gian Domenico Facchina, italien installé à Paris), on peut penser à des édifices contemporains comme Notre Dame de La Garde à Marseille(1886-92) ou Notre Dame de Fourvière à Lyon (1896); on remarque d'ailleurs qu'il s'agit dans ces 3 cas de sanctuaires dédiés au culte marial et objet de pèlerinages ou processions particulièrement intenses en cette fin du XIXème siècle.

Photographies de Maurice MORGA
L'Architecture du XX siècle en Hautes-Pyrénées
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE DU SECOND EMPIRE A NOS JOURS
LA FIEVRE CONSTRUCTIVE DU XIXEME SIECLE
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Travail de recherche
Maurice MORGA - Professeur retraité
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Florent Lafabrie - CANOPE des Hautes-Pyrénées