Plusieurs d'entre eux présentent des façades largement décorées de briques émaillées de couleurs qui contribuent beaucoup à la polychromie d'ensemble de ces édifices.
1-Tournay : 5, place d'Astarac (assurément un des plus beaux)
2-Bagnères : 4, place Ramond face au marché
3-Tarbes : immeuble « Burton » ,31 rue du Maréchal Foch /angle rue de Gonnès.
Nous citons cet immeuble édifié aussi au début du siècle qui nous semble pourtant assez éloigné du véritable Art Nouveau, pour montrer précisément combien l'architecture est bien souvent un art de compromis qui doit se couler dans le moule du « goût moyen » des commanditaires ; en effet cet immeuble plutôt massif semble affligé de tous les maux du style Beaux Arts néo rococco : boursouflure décorative et lourdeur d'ensemble pour une réalisation qui se voulait sans doute prestigieuse au cœur de la principale artère commerciale de la ville. Seul échappe à cette emphase le 1er étage qui par ses linteaux arqués et ses garde-corps de fer forgé allège quelque peu les façades.
4-par opposition, l'immeuble ci-après situé tout près du
Pont de la Marne (4,Bd Martinet) et construit dans ces mêmes années affiche une grande sobriété qui met en valeur ses qualités constructives et lui confère au final une bien plus grande modernité.
5-Hôtel Moderne/Soubirous, rue St Joseph/avenue B. Soubirous, Lourdes
Il est construit en 1896, époque où le nombre de voyageurs/pélerins ne cesse d'augmenter grâce en particulier au chemin de fer ; il est conçu pour accueillir une clientèle fortunée ce qui se reflète dans ses choix architecturaux et décoratifs. C'est en effet un véritable « palace » affirmant un aspect général cossu et plutôt ostentatoire, bien dans le goût de l'éclectisme du style Beaux-Arts, assez éloigné à vrai dire de l'esprit Art Nouveau à proprement parler ; si nous le citons ici, c'est plutôt pour l'ensemble de la ferronnerie, surtout les garde-corps filants des balcons qui parcourent les deux façades et contribuent à les alléger quelque peu, ainsi que la marquise qui surmonte l'entrée principale. Ce travail du fer inspiré de motifs floraux ou végétaux, pourrait être en effet rapproché de l'esprit et des techniques des arts du feu qui animent l'Ecole de Nancy à la même époque.
6-Ancien Hotel Family, rue Victor Hugo, Tarbes (1909)
Comme bien d'autres immeubles contemporains, sa façade présente un décor assez lourd de type néo baroque (4 pilastres à bossages la divisent en trois travées, lourdes consoles des balcons ainsi que les garde-corps …), mais quelques touches viennent ici aussi alléger l'ensemble :la porte d'entrée, les ferronneries du rez-de-chaussée et des deux fenêtres latérales du dernier étage.
7-Par comparaison, l'
Hôtel Moderne, au centre-ville de Tarbes (place Verdun), remodelé deux ans plus tard (1911) selon des canons plus classiques, par sa sobriété même, présente une certaine élégance…dans un environnement urbain il est vrai assez médiocre et disparate !
8 -Hôtel de France à Pierrefitte (vers 1900)
Le Grand Hôtel de France est construit dans les toutes premières années du siècle face à la gare d'arrivée du chemin de fer de Lourdes et point de départ du tramway électrique du P-C-L vers Luz et Cauterets ; il résulte de la juxtaposition de deux bâtiments accolés et harmonisés avant 1914. Des exemples ici présentés, c'est peut-être celui qui s'approche le plus du style Art Nouveau :les deux façades sur rue affichent en effet par leur jeu de courbes dans les linteaux (plus la marquise et la porte d'entrée) une nette influence de ce « modern style ».
9- ajoutons enfin la façade de l'extension de l'hôpital-hospice de Vic-Bigorre (1911)
L'établissement, installé depuis 1860 dans l'ancien Hôtel de Journé (bâti en 1770) en bordure de la route de Bordeaux (actuelle D935) est agrandi et modernisé de 1910 à 1912.
Le projet, dessiné par l'architecte G. Larrieu, comporte la construction d'une aile nouvelle côté nord assurant la jonction avec l'ancienne distillerie Lafitte acquise par la municipalité et intégrée au nouvel ensemble après transformation. L'élément qui nous intéresse est la façade qui s'ouvre à l'est ; elle présente un jeu agréable de courbes et lignes droites (frise ondoyante entre rez-de-chaussée et 1er, frise horizontale de galets roulés disposés en feuille de fougère entre 1er et combles) ; l'élévation du corps central est soulignée par de grandes baies verticales. On retrouve dans les trois arcs « outrepassés » du 2ème étage la même « patte » que dans les villas d'Argelès-Gazost décrites plus haut, édifiées semble-t-il dans les mêmes années par le même Larrieu ; on peut toutefois regretter que la balustrade sommitale et le fronton qui couronne la fenêtre du 1er viennent quelque peu alourdir un programme décoratif plutôt élégant sans cela ( était-ce dans le but d'anoblir un établissement public et lui conférer un caractère monumental… ?).
Au moment de conclure ce chapitre, il nous paraît utile d'ajouter à la série d'exemples présentés , deux maisons de ville voisines (100m à peine les séparent de part et d'autre de la rue Bertrand Barère à Tarbes) qui nous semblent résumer assez bien les deux grandes tendances qui cohabitent au sein de ce qu'il est convenu d'appeler Art Nouveau en France :
- la première, située au 22, rue Jean Lasserre, privilégie l'aspect décoratif voire pittoresque : ici par exemple l'oriel ou bow-window très « british » imprime sa marque à la façade avec les garde-corps et les débords de toit d'inspiration balnéaire anglo-normande qui abondent en effets de courbes de même que les linteaux du rez-de-chaussée, ajoutons les effets décoratifs de la brique…c'est précisément ces effets décoratifs à caractère pittoresques, passés de mode, et peu liés au système constructif proprement dit qui seront rejetés par la nouvelle génération des architectes qui s'affirmeront « modernes » au lendemain de la 1ère guerre mondiale.
- L'autre, par contre, située au 14, rue Léon Dalloz, dans un style beaucoup plus sobre, met l'accent sur la structure de l'édifice, éliminant toute décoration « superflue », c'est-à-dire ne répondant pas à une nécessité fonctionnelle ; on aboutit ainsi à une architecture plus dépouillée mais plus proche de la « vérité des formes » prônée par ces jeunes modernes des années 20.(voir aussi l'immeuble 4,bd du Martinet déjà cité).